Relation de couple VS réseaux sociaux, un match impossible ?

Rassurez-vous Foursquare ne propose pas encore de badge LOVE. L’initiative ne serait pourtant pas nécessairement choquante. On s’affiche désormais en couple avec, veuf de, marié à, sur Facebook. Et si chaque rencontre et check-in Foursquare vous faisaient gagner des points ?

Aujourd’hui, deux couples sur cinq se sont rencontrés sur les réseaux sociaux. Nous y voyons comme une révolution de la possibilité de cette multiplication infinie de rencontres. Au final cette phrase est aussi compliquée à comprendre que nos relations sur les réseaux sociaux.

Décryptage.

« Il n’y pas de frontières pour ceux qui s’aiment ». Et si Alberoni disait vrai ? Les frontières entre la vie privée et la vie publique n’existent plus dans la vie de couple. Désormais vos « amis » sur Facebook savent où vous êtes partis en vacances « en amoureux », dans quel restaurant vous avez dîné, et de combien de carats est votre bague de fiançailles (photo Instagram qui va bien avec à l’appui).

La vie interne du couple se retrouve exposée publiquement, l’intimité qui nous lie à l’autre devient l’affaire de tous. Vous avez tous dans vos contacts Facebook, ces couples qui s’échangent des « je t’aime » de mur à mur. Cet affichage public n’est-il pas, dans un premier temps totalement indécent et dans un second temps complètement modifié dans la force du propos ?

Nous ne sommes plus deux dans une relation, nous sommes deux plus les autres. Ce nouvel usage de la vie de couple modifie considérablement notre gestion des sentiments au quotidien : la jalousie est le parfait exemple de ce changement qui s’opère chez nos nouveaux couples 2.0. Combien sont-ils à s’être séparés pour des photos, des commentaires postés qui ont suscité des disputes démesurées ? (avec un niveau de gravité, au final, équivalent à la mort d’une mouche sur mon carreau).

Que les copains/copines de la jalousie ne s’inquiètent pas pour eux/elles !!! Nous les avons démasqués. Parlons de la fierté. Celle-ci peut être positive comme négative. Dans un schéma émotionnel déjà compliqué, elle ne nous facilite pas la tâche. Elle peut être celle qui vous fait afficher avec joie votre relation (« mon homme est diplômé trop fière de toi. <3 ») mais elle peut aussi vous amener à être le premier à changer votre relation amoureuse sur Facebook lors d’une séparation, c’est à celui qui sera le plus rapide.

Sachant bien que vous pourrez trouver tout ce que vous souhaitez sur Internet, vous en devenez un détective privé redoutable : à quoi ressemble son ex ? Sont-ils encore amis ? Quelle est la profession de son ex ? Tous les sites sont passés au crible. Oui, Google devient donc votre meilleur ami dans la relation de couple. La rancune, l’orgueil, la nostalgie sont des émotions éprouvées au quotidien par des milliers de personnes. La force de ces sentiments est-elle vraiment justifiée ?

L’amour éternel, un concept simple. Quand l’espérance de vie ne dépassait pas 27 ans. Aujourd’hui vos rencontres sont démultipliées. A l’ère du buzz, de la rapidité, de la nouveauté et de l’inattendu vous en voulez toujours plus. Alors vous allez chercher quelque chose de nouveau, d’inattendu. Internet vous donne cette possibilité de rencontres à travers le globe entier. Il n’y a plus de limites. Les relations s’en retrouvent appauvries et moins durables dans le temps, car au même titre que les limites géographiques n’existent plus, les limites de la profondeur de vos sentiments s’en trouvent réduites.

Les réseaux sociaux nous imposent une norme, sans même vous en rendre compte vous rentrez dans ce schéma sociologique de la dépendance affectivo-numérique. Être ami avec son partenaire sur Facebook, en dit suffisamment long sur l’état relationnel des couples de nos jours. Quels sont ces couples qui, dans une confiance absolue, acceptent de ne pas être amis sur Facebook ? Mais une intimité de couple bien ordonnée commence avant tout avec une intimité de soi-même bien ordonnée. Une relation libératrice repose sur un choix de vie volontaire et non un conformisme social

Notre connexion permanente au monde, nous incite à être également en contact quasi-permanent avec notre partenaire tout au long de la journée, cependant ces échanges ne sont plus des échanges humains. Combien de SMS envoyez-vous à votre partenaire par jour ? Combien de fois l’appelez-vous ? Les couples ont donc un réel soucis de communication avec l’humain et donc un soucis relationnel : le soir tout le monde rentre du travail, mais nous n’avons plus rien à nous dire. Nous nous contentons alors d’échanges physiques et numériques. Parce que de toute manière, « nous n’avons plus le temps de rien ». C’est bien l’excuse conformément acceptée par la société comme justification moralement défendable ?

Notre esprit est bien trop absorbé dans la sphère numérique pour pouvoir prendre le temps de se poser et s’interroger sur sa propre sphère : qu’est-ce que je ressens, là, au fond ? Et mon partenaire, au final est-ce que je sais vraiment ce qu’il ressent, là, au fond ?

La société de la perfection nous pousse dans le développement de tabous de plus en lourds à porter : le sentiment amoureux première ligne de mire. Nous sommes les premiers à rire d’un statut un peu romantique, des lamentations d’une séparation, de citations. L’être humain n’a jamais été aussi fermé sur ses sentiments envers l’autre depuis qu’il n’est plus que jamais ouvert sur le monde. L’antithèse du millénaire.

Mais sans vous en rendre compte, un matin vous vous lèverez, amoureux, et là… vous ouvrirez une « page couples » Facebook. Pour entrer dans la norme. Le romantisme sera poussé à son paroxysme, pour le meilleur… et pour le pire

A propos de l'auteur

Lily Ponthieux

Lily Ponthieux

Masterisée en communication, licenciée en lettres et en arts. Je suis quelqu'un de tout à fait normal en pleine recherche d'emploi en social media. En fait non. Je ne suis pas tout à fait normale : j'ai épousé Internet, je n'ai pas d'alliance mais un iPhone, je tweete mon rêve de la nuit, j'instagrame mon petit-déjeuner, fanatique de collants je montre mes jambes avec ou sans sur Pinterest et mes statuts Facebook sont totalement rhétoriques. Infidèle à mon MacBookAir, je prends encore du papier et un stylo pour écrire. Je suis pas une féministe mais plutôt la community ménagère de tous les community managers de Paris.

Création WordPress à Paris, Sion et Dakar - Social Media et Community Management à Marseille