Le streaming, belle douce fausse réalité

Tout le monde connaît les sites tels que Deezer ou Spotify… Outils bien utiles pour découvrir et écouter de la musique de manière légale sans avoir à télécharger. Il en existe une version gratuite moyennant de la publicité entre deux morceaux et il en existe une version payante.

Mélomane et toujours à l’affut de nouveaux sons, je suis une utilisatrice régulière de Spotify (version gratuite). Quelle ne fut pas ma stupeur quand j’ai ouvert l’applicatif ce midi pour me divertir à écouter Faithless au cours de mon repas dominical quand j’ai vu apparaître un petit bandeau bleu m’invitant à découvrir les nouvelles CGU (conditions générales d’utilisation) relatives aux comptes gratuits (le 14 Avril dernier). Et je pense que toute la communauté a été stupéfaite…

I. Les nouvelles dispositions Spotify (je traduis parce que la page est uniquement disponible en anglais)

  1. Les nouveaux utilisateurs Spotify pourront profiter de notre service incomparable de la même manière qu’aujourd’hui au cours des six premiers mois.
  2. Le premier Mai, tout utilisateur qui aura souscrit à un compte gratuit avant le premier Novembre 2010 ne sera plus autorisé qu’à écouter chaque morceau que 5 fois. Tout autre utilisateur ayant souscrit à un compte après Novembre 2010 verra cette mesure prendre son effet à l’issue des six mois suivant son inscription sur Spotify.
  3. De plus, la durée totale d’écoute applicable aux comptes gratuits sera limitée à 10 heures par mois au cours des 6 premiers mois. Ceci équivaut à une écoute de 200 morceaux ou à 20 albums.

Sous couvert d’annoncer qu’ils sont contents que leur service soit devenu très populaire en Europe, ils annoncent fièrement qu’ils doivent imposer des limites à l’utilisation de leur service de manière gratuite – les revenus tirés par les publicités intempestives semblant ne pas apporter autant de revenus qu’espéré, semble-t-il…

Sous couvert d’affirmer que les utilisateurs de solutions gratuites n’utilisent Spotifiy que pour découvrir de la musique, ils sont convaincus que ces nouvelles mesures n’affecteront en rien l’utilisation de leur solution par le « plus grand nombre »…

J’en suis pour ma part largement moins convaincue…

Ainsi ils ajoutent qu’en réalité, après un an d’utilisation en moyenne 7 morceaux sur 10 sont écoutés n’interférant absolument pas dans les habitudes d’utilisation de la solution. Ils ajoutent également que le partage de musique avec ses amis ne sera en aucun cas limité par ces mesures (cet applicatif restant au demeurant bien pratique pour le partage de musique avec sa communauté, lui donnant par là même un réel aspect 2.0, je ne leur enlèverai jamais cet aspect qui est réellement un avantage).

En parallèle, ils se couvrent en prévenant que si certains des utilisateurs assidus de la solution gratuite de cet applicatif se trouvent gênés par ces nouvelles conditions, une solution payante est disponible et n’est pas soumise à ces nouvelles dispositions limitatives en enrobant cette solution payante (environ 5€/mois) d’une période d’essai gratuite de 7 jours (sortez les violons !).

II. Les implications réelles

Utiliser de telles solutions telles que Spotify ou Deezer est un réel palliatif :

–          Au prix des CD,

–          Au téléchargement,

–          A l’espace disc requis pour les « copies de sauvegarde »

–          Etc. (chacun ayant ses raisons d’écouter de la musique en Streaming qu’il me serait malaisé de juger)

Examinons la répartition des bénéfices lors de la vente d’un CD (source)

Pour un disque vendu hors taxe à 13€34 (on ne va pas prendre en compte ce que l’Etat prend sur la valeur ajoutée des produits de consommation dont les honnêtes consommateurs sont les victimes impuissantes – mais ceci est un autre débat) on a donc :

–          39%, soit 5€18 qui sont reversés au distributeur (soit les grandes chaines de distribution comme la Fnac ou Virgin)

–          29%, soit 3€82 qui sont reversés à l’éditeur (comprenez maison de disque)

–          19% ; soit 2€59 au producteur de l’artiste ou du groupe

–          9%, soit 1,17€ à l’interprète,

–          2%, soit 0€29 à l’auteur

–          2%, soit 0€29 au compositeur

Je crois que tout le monde constate l’incohérence face à la production artistique et aux retombées financières risibles allouées aux artistes en comparaison à tout ce que rapporte la vente d’un support CD à l’industrie musicale. Ceci étant un autre débat néanmoins important à rappeler…

L’objectif de telles plateformes telles que Spotify et Deezer est de court-circuiter  les distributeurs, rendant les solutions de vente en ligne intéressantes. L’acheteur se retrouvant avec des albums sur leur disque dur sans le support CD… Cependant, on n’est jamais à l’abri d’un crash de disque dur…

Il faut savoir que derrière les plates formes d’écoute de musique en Streaming se trouvent les plus grandes maisons de disque (partenariats)…

Le téléchargement

La Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet nous l’a bien rappelé avec ses courriers de mise en garde, télécharger, c’est mal, pour ne pas dire « #Evil »

La solution pour dormir tranquillement sur ses deux oreilles, c’est / c’était l’écoute de la musique en streaming via des plateformes applicatives installées sur le PC (Spotify) ou directement via un navigateur Internet (Deezer).

Grâce (ou à cause) d’une telle mesure, si je ne suis plus en mesure d’avoir accès aux productions musicales de mes « artistes préférés » pour des raisons financières où autres, comment vais-je bien pouvoir faire ? Me voilà perdue, sans aucun moyen légal de profiter de cette élévation spirituelle et culturelle que procure la musique !! En effet, de telles plates formes se révélaient bien pratiques !

La solution fort malheureuse est de trouver une alternative :

–          Trouver un autre outil d’écoute en streaming comme

  • Youtube qui n’est absolument pas pratique vu que j’écoute les albums  en entier (ou alors c’est que je ne sais pas m’en servir… #blondeinside
  • Deezer qui semble ne pas encore avoir modifié ses CGU (rien n’est moins sur après ce qui est arrivé à Spotify)
  • Despotify quoique je n’aie pas encore testé…
  • Autres outils auxquels je n’ai pas encore pensé ou dont je n’ai pas connaissance…

–          Télécharger (il faut arrêter de se voiler la face, tout le monde a déjà téléchargé et continuera de le faire même si ça a mauvaise presse… et je mets volontairement les pieds dans le plat !)

Conclusion

Pour ma part je suis convaincue que les spots publicitaires intempestifs de Spotify ne rapportent pas autant que la firme suédoise l’aurait espéré (oui ce sont des Suédois, vous ne saviez pas ?! Comme quoi Linux n’a pas fait que des émules…) et c’est la raison pour laquelle ils mettent en œuvre cette mesure de limitation des écoutes pour les utilisateurs ayant souscrit à une offre gratuite.

Je suis hallucinée que les utilisateurs aient liké le post 22 000 fois ! En effet, une telle mesure ne peut pas contenter autant de monde sauf s’il est nécessaire de liker la nouvelle CGU pour laisser un commentaire…

Je suis estomaquée de voir que quasiment personne n’en a parlé sur la toile (sauf Le Monde, Le Post, Olivier Vadrot, Le point et les Ecrans) et surtout que ça n’ait pas fait d’avantage de bruit. Je pourrais dans quelques mois réaliser une étude de cas sur « comment Spotify s’est tiré une balle dans le pied » ou l’échec du je donne et je reprends, l’hécatombe d’une décision incompréhensible…

En termes de Community Management, Spotify a pris une décision fort discutable, mais je suis convaincue que la communauté finira par essayer de trouver une alternative telles que les solutions que j’ai énoncées plus haut…

Pour finir, cette mesure force les utilisateurs à acheter la version illimitée ce qui n’est pas commerçant et contraire à tout principe commercial honnête…

Du coup, vous, utilisateurs de Spotify ou autres solutions, que recommandez vous ?  Ca vous fait quoi ?? Réagissez !!

Crédit images

http://www.pc-infopratique.com/images/banque/spotify_logo.png
http://cdn-files.deezer.com/img/mobile/logo_320-v395.png
http://pictures.korben.info/2010/01/79248-hadopi-logo-officiel.png
http://img1.livegen.fr/thumb/00/00/07/89/0000078920.jpg
http://i.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH215/broken_cd-5bf4a.jpg

A propos de l'auteur

Anne Delauney-Ladevèze

Anne Delauney-Ladevèze  (21 articles)

Consultante en stratégies social média chez Brainsonic, je suis en charge de réaliser pour mes clients la stratégie en termes de référencement naturel, de liens sponsorisés et de référencement social. Anciennement Community Manager à l'International pour un cabinet d'études de marchés et Responsable Marketing, Communication et Webmaster pour un éditeur d'ERP en Allemagne, je suis trilingue (français, anglais, allemand) et je me remets tant bien que mal à l'Italien. Mes passions dans la vie ? Les voyages de longue durée dans les Pays de l'Est et Scandinaves, la photographie, l'art sous toutes ses formes, les amis, la famille ! Point caractéristique ?! Curiosité et soif de savoir, surtout de partager !

Création WordPress à Paris, Sion et Dakar - Social Media et Community Management à Marseille