De nombreux articles parus sur le Web vantent les mérites du travail, de l’implication et du talent relatif aux community managers. Toutes ces variables sont bien évidemment importantes, mais on oublie bien souvent l’une d’entre elles : la chance. Un bon community manager a de la chance, ou du moins sait la provoquer. La chance n’est, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, pas une question de hasard ou de bonne étoile. La chance se provoque. La chance se travaille. Dans la gestion de communautés comme ailleurs.
« La chance d’avoir du talent ne suffit pas ; il faut encore le talent d’avoir de la chance. »
Hector Berlioz
Comment peut-on définir le fait d’avoir de la chance ? Un point de vue pourrait être de considérer cette expression comme la capacité à créer un environnement favorable autour de soi, propice aux opportunités ; ou alors comme une capacité à « gagner » un concours de circonstances, vers une dynamique favorable aux opportunités. En ce cas, « travailler sa chance » peut être une expression synonyme d’activer sa prédisposition aux opportunités.
Comment donc activer ses opportunités ? Et plus particulièrement au travers de réseaux sociaux et du community management ? Trois points peuvent être des facteurs d’influence sur celles-ci :
• Les « bonnes rencontres ». Avoir de la chance, c’est rencontrer la bonne personne au bon moment. Le bon conseiller, le bon critique, le point de vue qui permettra de faire ressortir une bonne idée ou un comportement exploitable auquel on n’aurait pas songé. En matière de réseaux sociaux, comment optimiser ses bonnes rencontres ?
La réponse est simplissime : la base même de ce métier est le partage et l’échange. Mais qui sont alors les bonnes personnes ? Ce sont tous ces acteurs du web, les vrais, pas les relayeurs d’infos, mais les auteurs, les gens qui « ont des idées », des perspectives d’évolution, d’analyse, en clair qui apportent une valeur ajoutée… La veille du CM sur le web ne se limite pas au nom de sa marque/entreprise. C’est aussi la capacité à s’informer et à réagir à l’information, pour rejoindre le débat sur celle-ci ; de fil en aiguille la pertinence du propos et de votre analyse devient un outil, un plus dans la perception qu’ont les autres de vous.
Nouer des liens avec plusieurs autres CM ou personnalités influentes/renseignées sur les réseaux ne peut être que bénéfique. Une personne de chez Viadéo me parlait il y a quelques semaines de la différence fondamentale, au niveau des métiers du web, entre la France et les USA : chez nous, on garde nos idées, de peur de se les faire voler. On garde nos astuces, de peur d’être « moins différent » des concurrents potentiels au même poste. Là-bas, on échange. On partage, même entre concurrents. Après tout, n’importe quelle discussion entre « spécialistes » d’un même domaine permet d’appréhender de nouveaux besoins/problèmes à améliorer. Cet argument vaut aussi pour les personnes moins renseignées mais intéressées… qui apportent une valeur au niveau du contenu.
Bref, en matière de communication 2.0, faire la bonne rencontre ne revient pas à RT le gentil relayeur d’info un peu fade pour rire à coup de smileys avec lui. C’est réagir et prendre contact avec l’auteur de l’article. Vous ne commenterez plus alors sa réflexion comme un quidam parmi tant d’autres. Vous ferez partie intégrante de son processus de réflexion.
• Travailler sa chance, c’est également aller sur les « bons territoires« , se positionner au bon endroit, suivre les bonnes infos, les bonnes personnes, les références. Sans parler de se faire un nom, c’est être disponible en cas de demande pour poursuivre une conversation. C’est aussi se positionner là ou on « attend » le profil du CM (blogs, forums, pages FB et twitter indispensables à suivre) mais également ailleurs, pour s’ouvrir à de nouveaux horizons et surtout à de nouvelles personnes, pour des points de vues neufs, et surtout basés sur des logiques différentes : Fubiz, DeviantArt, les blogs de Webmarketing ou de publicité…
C’est aussi prendre le risque de s’intéresser à des domaines plus fermés, moins attrayant, mais tout aussi importants : un CM qui suit l’actualité sur son métier, se positionnant également sur des espaces dédiés à diverses formes de communication et de marketing, et qui par exemple prend le temps de s’intéresser aux langages web, ou aux techniques d’animation, à la retouche d’images, sera – logiquement – plus intéressant en terme de profil qu’un CM lambda suivant gentiment l’actualité du milieu. Il rencontrera donc logiquement plus d’opportunités, son champ d’action et de compétence étant plus important. Même des bases dans les domaines évoqués offrent toujours des facultés de compréhension supérieures à la normale et sont donc exploitables d’une manière différente des autres. En clair, je favorise ma « chance » en m’ouvrant aux autres, à leurs centres d’intérêts, aux possibilités que cela implique pour eux et pour moi.
• C’est aussi être à l’écoute des « bonnes demandes ». C’est-à-dire se positionner par rapport aux opportunités jugées intéressantes, en quelque point que ce soit, et aider à les construire. Cette réponse aux « bonnes demandes » passe évidemment par la réponse aux fans/followers et par la gestion des besoins/critiques/envies de ceux-ci (c’est la base du CM après tout).
Ces trois opportunités peuvent être déclenchées. Ou du moins, largement favorisées, cela au travers de quatre postures distinctes à garder en tête pour un résultat (à terme) optimal :
• La première de ces postures est celle de la vigilance, de la curiosité constante, de la capacité à ne pas s’enfermer dans une routine. Ne pas limiter ses centres d’intérêts. Et toujours se remettre en question, se tourner vers de nouveaux horizons. Sur le web, la chose est relativement simple. Il suffit d’être toujours avide de découvertes, et d’essayer de ramener celles-ci au domaine qui nous intéresse (ici, le CM). C’est après tout le principe de vulgarisation du LipDub : un usage à la base récréatif, une bonne idée, reprise pour permettre une communication différente des entreprises (avec le succès en termes de diffusion que l’on connait).
• L’utilisation de son réseau est également importante. Mais on ne parle pas ici uniquement d’un carnet d’adresses à faire jouer. Devenir celui qui créé les liens avec les autres, rapprochant des connaissances en vue de faire coller leurs envies/besoins, c’est articuler son réseau autour de projets (donc d’opportunités) et de découvertes ; en retour, vos contacts en feront probablement tout autant quand votre profil sera susceptible d’intéresser quelqu’un… « Être un bon homme d’affaires, c’est être un bon intermédiaire ». Ca marche aussi avec le community management.
• Être conscient de la malchance, quand elle arrive (forcément), des coups de revers : les grandes réussites sont toujours jalonnées d’échecs. Ce qui importe, c’est la capacité à apprendre et à rebondir sur ceux-ci. Les BadBuzz relayés sur les réseaux sociaux sont les meilleures formations pour un community manager… La chance, c’est ce qu’on fait de « ce qui arrive ». De bien, ou de mal. C’est savoir rebondir, encore et toujours rebondir.
• La dernière posture consiste à avoir un projet d’avance, un œil vers l’avenir, une autre corde à son arc. Anticiper l’avenir, commencer à s’attaquer à des projets, et en avoir d’autres en réserve, se tourner vers les tendances du moment et ne pas rester purement spectateur des évolutions, mais essayer d’y prendre part (exemple : Qui sait ce à quoi ressemblera Facebook avec des iframes remplis de html5 ? Et quelles exploitations techniques/graphiques optimales on peut en tirer? … etc)
Avoir de la chance, c’est être ouvert aux opportunités. Quel meilleur moyen qu’en devenir une soi-même pour cela ? 😉 C’est en tous cas au travers de ces différents éléments que l’on peut devenir quelqu’un sur le web, non pas en terme de visibilité, mais d’intérêt suscité.
Cet article est basé sur une intervention orale de Philippe Gabilliet disponible ici http://goo.gl/72jbk, ainsi que sur les recherches en matière d’exploitation du capital « chance » de Richard Wiseman (http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Wiseman)
Crédits images :
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