4 e-piliers pour booster vos publications léthargiques sur le web

De tout temps, l’individu se complait dans ce qui lui paraît utile …  au delà de ce qui l’informe réellement. Des grottes de Lascaux avec ses dix manières de chasser le mammouth à la pierre de rosette qui expliquait comment Rosette allait devenir un saucisson, l’individu a toujours succombé aux joies de la lecture facile pour paraitre intelligible. Aujourd’hui, les médias sociaux transcendent ce vide abyssal en offrant à l’internaute lambda une tribune, comme les fosses communales offrirent un restaurant luxueux à tout individu démuni un peu affamé.

Dans cette masse grouillante d’informations futiles, il peut apparaitre comme difficile de sortir du lot pour mettre en avant son expertise malgré les efforts déployés et le talent sublimé par une plume acerbe. La logique voudrait que l’expert, plein de bonnes intentions, fournisse un travail de fond pour livrer ses enseignements suintants de sagesse comme un Yorkshire dans un micro-ondes. Cheu fou arrête tout de suite. Oubliez ça. Là maintenant vous oubliez. Comme une grand-mère souffrant d’Alzheimer, l’oubli est votre raison là où la raison n’est plus qu’oubli. La logique s’arrête là où commence la bêtise des hommes. Autant dire qu’elle n’a jamais vraiment démarré.    

Revenons à l’objectif de cet article. Vous rêvez de devenir le nouveau Jésus de votre profession, les Clous, la Croix, la Couronne d’épines qui pique et la Culotte pas trendy en moins ? Oubliez les 4 c alors. Ce n’est plus d’actualité. A l’heure du Web, tout est e- : ecommece, elearning, evoicivenuletempsdescathédrales. Vive les 4 e donc. 

4 e ? Elémentaire. Environnement. Emotion. Ego.

Les piliers du marketing de contenu. Les Atlas supportant le monde. Ce mot tendance qui n’est pas vraiment un mot, mais un concept, une stratégie vendue clé en main par les apôtres du dogmatisme « si ça marche pour lui çà marche pour vous normalement ». Mais passons. Les 4 e, c’est ce qui va vous permettre de produire des articles de faible qualité, avec un minimum d’effort pour un maximum d’impact. Un peu comme un épisode de Joséphine Ange Gardien. C’est au-delà d’une simple chimère, ou d’une promesse farfelue, une véritable découverte neurologique, que dis-je, un bon en avant dans l’exploration malsaine de la psyché humaine délétère. 

Chaque « e » a sa finalité, car un article de blogue doit pouvoir être compris et contextualisé, mais il doit surtout s’approprier afin d’être diffusé massivement. Pour cela, il faut des leviers. Attention, vous n’êtes pas obligé de mettre tous les e dans le même panier (c’est beau je sais). Un seul, c’est bien. Tous, c’est mieux. Comme les Auvergnats. Les voici donc sous vos yeux pas ébahit. C’est gratuit. Cadeau. 

Elémentaire – la compréhension :

– Pourquoi ce gros monsieur avec un slip clouté en cuir nous fonce dessus ? – Elementaire, c’est un SMCM

Pour plaire. Enfin, pour qu’une personne le parcoure en diagonale (ce qui est un exploit, je vous rassure), un article doit être élémentaire. A savoir qu’un enfant de deux ans et demi ou un type fraichement lobotomisé doivent le comprendre. Cette élémentarité (buzz word) passe tant par le titre que par la hiérarchisation des informations qui vont mâcher le travail cérébral de votre lectorat. Car ce dernier étant composé d’internautes, les internautes étant humains et les humains étant par nature profondément demeurés, votre lectorat a indubitablement le quotient intellectuel d’une huitre avariée (merci le sophisme de Sophie). Dès lors qu’un effort cérébral est demandé, hop, la coquille se ferme. Hermétique à toute prouesse crânienne. La matière grise devient trou noir. Les neurones se détachent comme d’improbables amarres pour laisser le cerveau voguer à la dérive. Cheu ne feu pas réfléchir. Alors avant d’utiliser des mots savants, des théorèmes poussés, n’oubliez jamais que vous n’écrivez pas pour vous, mais pour eux. Ils ne cherchent nullement le verbe,  la connaissance suprême mais bien à être instruit à hauteur de leur faiblesse d’esprit. Ou au moins à comprendre de quoi cela parle pour pouvoir le partager en affichant une certaine sagacité complaisante : « je lis un article sur l’art d’empailler ses neveux / on avait compris c’est dans le titre » .  Si vous manquez de mots, utilisez le Oui-Oui de votre industrie (Oui-Oui sonde Potiron si vous êtes dans la proctologie par exemple) plein d’un vocable ne dépassant pas trois lettres. Ce degré zéro de l’intelligence qui fit de Derrick une télésérie à succès. Vous voyez, c’est dans l’air.

Aussi, ce levier appelé élémentaire doit permettre une juste compréhension du sujet, doit permettre à votre lectorat en trois coups d’œil d’apprécier avec justesse et bonheur la faiblesse de votre plume. Et donc de se sentir intelligent. 

Environnement – la contextualisation

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– Bonchour, nous chommes vos facteurs et nous vendons des calendriers 2014 avec des chatons découpés au ciseau à bouts ronds de Paimpol, chat vous intéresse ?

Un article doit être placé dans un environnement, dans le temps comme dans l’espace, pour qu’il suscite un intérêt général. Ou du moins qu’il conforte (la peur est le plus ancien sentiment de l’homme). Les internautes ont besoin de sentir un contexte, qu’il soit une année (2014), un territoire (Corse du Centre) ou une population donnée (Nerds ou hommes murmurant aux steaks hachés). Nous pourrions y voire une métaphore du combat contre la grande faucheuse mais non. Il s’agit simplement d’une allégorie de l’homme au centre d’un univers dont il ne connaît les frontières et dont le firmament éthéré le conditionne à une perception des choses pourvues de limites. La peur du grand vide en somme. La crainte de ce qu’il y a par delà l’infini. Cheu feu un périmètre. Eh bien le voilà ! Votre lectorat se sentira plus serein si vous délimitez vos propos, il aura moins peur de se retrouver face à un concept général, à ce genre de truc qui lui donne la nausée. Jamais, jamais.

Par exemple, vous ne pouvez écrire un article sur la théorie de l’évolution si vous ne l’appliquez à une espèce comme l’ornithorynque. Même si l’ornithorynque n’a probablement jamais évolué mais là n’est pas le propos. Si vous demeurez trop général, votre lecteur aura l’impression de lire Wikipédia en plus pédia que wiki. Chaque chose à sa place. Il veut du frais, une information, une actualité qui le fasse sentir « dans le coup ».  Exemple :  Les bonnes pratiques de la vasectomie en 2014 … pas dans leur globalité, mais bien là, maintenant. En plus c’est trendy le marteau. Exemple 2 : Les perles du baccalauréat à Paris … pas dans le monde. « Je me fous des Français, je suis contre la consanguinité, je suis contre la province. Ici c’est Paris. Il se passe quoi chez moi là en bas de ma rue aux fragrances de pédants ? ». 

Ah, vous commencez à comprendre. Un contexte. Une date. Un lieu. Une dimension. Diantre, pourquoi pas un autre monde onirique qui serait tout aussi angoissant que les paroles hautement philosophiques et engagées des chansons de Carlos  ? Tout n’est que cible. Tout est possible. Adaptez-vous.    

L’environnement offre donc une zone de confort à la lecture en plaçant des frontières ; en confinant le sujet afin de le rendre accessible, mais surtout, au centre de l’actualité.       

Émotion – L’appropriation :

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– Regarde là afficher le bonheur de vivre le deuil de son mari … ça me donne aussi envie de le démembrer.

L’émotion, c’est cette chose abjecte qui semble avoir atteint son paroxysme avec l’avènement des animateurs de communauté stagiaires. Un florilège de compliments aussi mielleux que mes oreilles, une suppuration excessive de bébés attendrissants postés sur les pages personnels, tandis que sur les espaces professionnels fleurissent ça et là des chiots tellement mignons que vous mourrez d’envie les enfourner sous votre tondeuse à gazon. Recourir à l’émotion vous provoquera indéniablement des frissons. Voir de l’herpès buccal. Un mal-être profond qui nécessitera indubitablement une psychothérapie chez un praticien lubrique aux doigts gantés de griffes. Mais elle est nécessaire. Images tendres, superlatifs adorables, synonymes de mignon* ou phrases chocs comme « Facebook va mourir ». Tout est bon. Car la beauté de la chose c’est qu’elle suscite un engouement, une appropriation, qu’importe le sujet, ou la manière dont il est abordé. Ecrit avec un crayon dans le nez, ou un lendemain d’orgie de nains en porte-jarretelle, le fond ou la forme n’ont d’importance pourvu qu’ils provoquent l’ivresse. Comme le disait Pascal (pas le grand frère hein), le cœur a ses raisons que la raison ignore. En utilisant l’émotion, vous allez pouvoir faire passer un message aussi facilement qu’un lépreux passant au travers d’un grillage.

Par l’émotion vous faites en sorte que votre lectorat léthargique s’approprie vos misérables propos, qu’il se sente proche de votre vision pourtant réduite à celle d’une taupe dans un broyeur à saucisse. Palpations garanties. Massage cardiaque en sus. 

(*cadeau : adorable, bardache, beau, bellot, biquet, charmant, chéri, chou, chouchou, coquet, croquignolet, délicat, favori, ganymède, gentil, gentillet, girond, giton, gracieux, joli, joliet, mignard, mimi, môme, petit, préféré)

 

Ego – la diffusion :

- Ah et tant que j'y suis Clitorine, j'adore tes chevilles velues

– Ah et tant que j’y suis Clitorine, j’adore tes chevilles velues

L’égo pourrait être lié à l’émotion. Après tout, il n’y a rien de plus émotionnel que l’égo. A part peut être un chaton angora dans un mixeur mais vous m’égarez là. En fait, l’égo diffère dans sa finalité. Là où l’émotion sert l’appropriation, l’égo sert la diffusion. Simple non ? Pourtant j’ai utilisé des mots faciles relisez bien à haute voix avec un thermomètre dans l’œil. Articulez, perdez des dents. Et voilà.   

Il est important de flatter l’égo de tout un chacun afin de se faire connaître, de faire découvrir son travail aussi peu besogneux soit-il. Certes vous avez pu améliorer vos écrits par l’utilisation d’un ou de plusieurs « e », mais si personne ne vous connaît alors vos efforts auront été aussi vains que l’invention du suppositoire. Cela passe généralement par certains influenceurs qui seront spécifiquement nommés et flattés/glorifiés. Par influenceur, j’entends bien les personnes visibles (et donc auréolés d’une certaine crédibilité de façade) qui se complaisent à pratiquer l’autosatisfaction avec une verve adorable. Ils sont très aisément identifiables, quelle que soit votre industrie. Ce sont eux qui relayent en masse leur univers enchanté depuis la cave insalubre qui leur sert de logement « je suis à Londres pour une conférence mais trop de brouillard pour vous envoyer des photos ». Dans leur repaire où une mégère agoraphobe leur fouette les lobes d’oreille avec une main calleuse et un hachoir à hamster. Cheu feu que fou me foyer.

Ils se déplacent entourés d’une cour qui leur est vouée corps et âme et qui pourrait presque mourir pour eux. Une sorte de nuées de mouches à étrons qui les flatte par le retweet, le like ou le commentaire obligeant pour une quelconque raison (se rapprocher de Dieu, essayer d’être apparenté à celui-ci, faire un enfant qui pourra être revendu sur eBay selon un système d’enchère désuet).  Je vous rassure, vous n’entrez pas réellement dans leur cour, vous les glorifiez simplement dans un but … euh. Attendez. Enfin bref. Ensuite c’est la cour qui vous cite et ainsi de suite. Un phénomène appelé « cascade de l’influence, to the top of the down » qui a fait les beaux jours de … ces influenceurs.  Allez-y yyyyyy ! « Dans cet article, Jeremy Mamèredanssatombe nous rappelle avec brio l’importance du calcul rénal dans nos impôts, un homme admirable ce Jeremy« .  

En gros, l’égo est principalement utilisé pour accroitre une certaine visibilité. Elle ne doit cependant pas être utilisée à outrance au risque de voire votre subterfuge découvert. Non. Comme avec l’alcool (amis du Nord remplace ce mot par eau), une modération s’impose. De temps en temps, oui. Après tout, au bout d’un temps, vous serez tellement célébré que vous n’aurez plus jamais à vous enquérir de ces influenceurs. Sauf si évidemment vous lancez des événements ponctuels (sortie d’un livre, événement). Là encore : cheu fou demande un peu de chalme.   

Par le pouvoir des quatre e

Il est évident que, comme pour les farandoles de grabataires séniles, plus vous enchaînez les « e » plus vos titres ou vos contenus suppureront l’incontinence cérébrale. Pas d’inquiétude. C’est ce que recherchent les individus lambda. Comme je l’expliquais en introduction, ils ne veulent nullement réfléchir mais ressentir. C’est moins d’effort. Le ressentiment s’exprime au travers d’un spectre vaste et hétéroclite. Ressentir simplement quelque chose, un frisson, une larme, un souvenir étiolé d’un amour nécrophile périmé. Ressentir qu’il comprend les choses alors qu’il a pour habitude d’être dans des abimes d’incertitude, noyé dans sa propre ignorance. Ressentir qu’il est enfin proche de ces élites qu’il méprise secrètement empoisonné par une jalousie latente. Ressentir que rien n’est immuable en ce monde, que tout n’est que frontière et qu’il est à sa bonne place. Vivre. Cheu feu vivre.  

- Et

– Et pourtant il faut vivre, ou survivre, sans poème, sans blesser tous ceux qui l’aiment, être heureux, malheureux, vivre seul ou même à deux – Heu, vous savez que c’est juste une marionnette en bois ?

Contrairement au communisme, les 4 e prennent en considération la nature humaine. Du moins la simplicité de sa raison ou de son raisonnement. Cette chose méprisable faite de chaire, de sang et d’urine est pourvue d’un encéphale tellement manipulable que ces subterfuges cognitifs pourtant évidents lui échappent totalement. Pensez 4e, c’est miser sur la bêtise de son lectorat, c’est avant tout prendre un pari à peu de risques. Il est plus simple de trouver une once d’intelligence dans les délires hallucinatoires de la confrérie des urologues conspirationnistes que dans celui des individus ordinaires. Preuve en est les résultats d’audience du retour de Marc-Olivier Fogiel à 30 millions d’amis. Pensez simple : l’homme est singe, le singe est bête, l’homme est bête. Facile.    

A partir de ces ingrédients, vous serez en mesure de vous confronter aux plus grands blogueurs, voire de les dépasser. Une alchimie parfaite doit permettre de doser avec minuties ces 4 e, de les combiner avec justesse pour créer l’article parfait. Un soupçon d’égo ou une pincée d’émotion ? A fou de jouer !

A propos de l'auteur

Lord D'hur

Lord D'hur

Il est un territoire terrifiant en Angleterre que l'on a coutume d'appelé Hur, en souvenir de Ben. Là bas, sur les terres inhospitalières aux arbres dont la sinuosité trahit une folie incommensurable, règne en despote un Lord dément que l'histoire elle même n'ose se souvenir, ni n'ose nommé. Il est dit que si son identité venait simplement à être susurrée dans la brise d'été, un déluge apocalyptique de Yorkshires sociopathes s'abattrait sur le royaume de la perfide Albion. Maître du complot, de la duperie et du scorbuts, c'est avec un plaisir malsain qu'il partage son savoir, créant ainsi une cosmologie à son honneur où ses enfants spirituels, à force de chanter ses louanges, finiront par découvrir son véritable nom. YORKSHIRES ! Ah non, excusez-moi, ce n'était qu'un homme-tronc canon.

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