Municipalités, communautés d’agglomération, conseils généraux et régionaux, structures étatiques ; la prise de conscience de l’intérêt que peuvent avoir les réseaux sociaux comme lieu d’affirmation d’une appartenance à une même identité géographique reste récente pour la majorité des institutions publiques. Pourtant, les responsables politiques et leurs partis y jouissent d’une véritable visibilité et s’y sont parfois investis depuis longtemps. Et puis, y être présent est une chose, y être actif en est une autre… Quelle est la présence sur les réseaux sociaux des institutions publiques ? Quels usages en ont-elles ? Voici quelques éléments de réponses.
Des pouvoirs publics qui ne sautent pas toujours le pas…
À ce jour, toutes les collectivités territoriales et tous les ministères n’ont pas de page Facebook officielle ou de profil sur Twitter. Loin de là. Pour ce qui est des collectivités, ce baromètre mensuel donne quelques enseignements à retenir :
- 4 régions sur 5 et la moitié des départements ont une page Facebook
- 2 régions sur 3, 1 département sur 3 et une grande ville sur deux ont un compte Twitter officiel
- En dehors de la page Facebook de la ville de Paris qui compte plus d’1,6 million de fans, les pages des autres collectivités locales n’excèdent pas 30 000 fans… Sans entrer dans une course aux fans, on ne peut pas dire qu’il y ait encore de quoi valoriser véritablement ses actions
- 3 collectivités territoriales ont un profil Twitter dépassant les 10 000 followers : Paris (30 000), Bordeaux (16 000) et Toulouse (13 000). A titre de comparaison, le profil Twitter de Greenpeace France atteint les 106 000 abonnés, soit 4 fois plus que la capitale française au rayonnement pourtant mondial
À la tête de l’État, la forte visibilité médiatique des responsables politiques assure d’être suivi sans vrai besoin de promotion : le profil Twitter de la présidence de la République a par exemple passé le cap des 150 000 abonnés, celui du Ministère des Affaires étrangères les 170 000 abonnés et celui du Ministère de l’Éducation nationale dépasse les 82 000 followers !
Lancé avec une page Facebook officielle en marge du premier discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault, les actualités de @Matignon sont observées quant à elles par 4 600 abonnés un peu plus de trois semaines après son premier tweet. Un lancement qui n’est pas passé inaperçu puisque son community manager avait omis d’ajouter …Jean-Marc Ayrault dans ses abonnements (#FAIL #onamalpourlui).
Une présence fréquemment superficielle
Débarquer sur Twitter et Facebook, c’est bien, mais le faire uniquement pour dire que l’on y est, c’est inutile ! Pour vous c’est une évidence, mais malheureusement beaucoup d’institutions publiques considèrent encore leur activité sur les réseaux sociaux comme secondaire et éloignée de leur stratégie globale. Le baromètre Collectivités territoriales et réseaux sociaux montre notamment que plus de la moitié des pages Facebook ont une activité faible (25%) ou même inexistante (30%). En résumé, peu de fans, pas d’activité réfléchie …il y aurait donc un lien entre la présence d’un vrai community manager et l’augmentation du nombre de fans ?! CHUT, C’EST UN SECRET !
Cet état des lieux, pas très motivant, est malgré tout à nuancer. Car oui, la tendance est à la prise de conscience [très] progressive et chaque mois voit son lot de pages prendre vie. Espérons que les CM auront dans leurs mains les moyens des nouvelles ambitions de leurs responsables et auront suffisamment de libertés pour mettre en place des concepts originaux. Globalement, le développement de la stratégie numérique est un chantier durable et les pouvoirs publics nécessitent parfois plus de temps pour que le fruit de leurs projets puisse être visible. Le côté très vintage de nombreux sites internet (au hasard…celui-ci et celui-là) confirme cette hypothèse.
Quelques cas pratiques à suivre
Jeter un œil régulier à ce que font quelques unes des principales institutions publiques, c’est toujours instructif. Pour conclure cet article, voici des exemples intéressants d’animation de pages Facebook et de profils Twitter.
- les pages Facebook du Ministère des affaires étrangères et de la région Picardie
Quoi ?! Elle n’a rien d’extraordinaire cette page ? Lorsqu’on doit animer la page Facebook du Ministère des affaires étrangères, pas facile d’intéresser au premier abord. Et pourtant, le résultat parle pour lui-même : un mélange délicat entre fun avec des vidéos et photos, pratique avec le listing des ambassades, informatif avec des éléments d’actualité, le tout avec des interventions ponctuelles du community manager… La simplicité a du bon !
La page Facebook de la région Picardie va encore plus loin : un changement régulier de la photo de couverture (pour montrer les beautés diverses de la région), des posts d’interpellation de l’internaute, des jeux-concours, des informations légères …de quoi vous donner envie de déménager !
- les profils Twitter des villes de Paris et Bordeaux
Paris, c’est la plus grande collectivité locale du pays. Donc il y a du budget et un pôle dans la direction de la communication de la municipalité qui est dédié à ce domaine. Malgré tout, l’animation d’un profil Twitter n’a pas grande chose à voir là-dedans. Au-delà du fait que l’aspect visuel du compte rejoint celui des autres outils de communication numérique de la ville, un véritable effort est fait pour valoriser ce qui se dit de Paris sur le réseau social, pour relayer les actions d’autres instituions qui lui sont liées et pour dialoguer avec les personnes qui l’interpellent. Le profil Twitter de Paris est un modèle.
Assez proche, le profil Twitter de la ville de Bordeaux fait des interventions plus institutionnelles que le précédent mais dialogue avec les internautes et retweete facilement des informations qui lui sont liées, notamment celles qui proviennent de médias.
C’est un choix subjectif et incomplet qu’il vous reste à compléter ! Postez vos commentaires !