Nous sommes tous des Community Managers : le cas de Microjob.biz

En faisant de la veille, on a parfois de bonnes surprises, et souvent des mauvaises. Au rang de mes dernières découvertes : Microjob.biz. Comme son nom l’indique un peu, ce site est une sorte de bourse de prestations. On peut y déposer soit son offre de prestation, soit répondre à une demande. L’ensemble des prestations couvertes est assez éclectique même si, comme nous allons le voir par la suite, l’aspect community management y est fortement représenté. Le site se présente d’ailleurs de la manière suivante :

On peut d’ailleurs noter que le design est assez simple, privilégiant l’ergonomie et l’efficacité du site internet. On se repère en effet facilement, et on trouve directement les informations que l’on cherche. La démarche et le positionnement de Microjob.biz sont aussi assez intéressant. Cette mise en relation directe peut intéresser des particuliers ou des TPE à la recherche de prestations à coûts faibles, et sans besoin d’avoir des offres plus complètes.

Ce qui me gène plus, et il en va de même pour tous les autres sites qui ont un peu le même positionnement, c’est justement le côté trop générique de ce site, et l’absence d’une modération que je qualifierais de manière un peu polémique « éthique ». Pour développer cette démonstration, prenons l’exemple des offres « Community Management ». Et comme un exemple vaut mille mots :

Comme vous pouvez le constater, cette offre a de quoi faire frémir plus d’un professionnel. 2 € pour une activité de référencement et d’e-reputation, avec un délai de 6 jours…. En lisant cette annonce, je me suis demandé si j’avais bien tout compris à mon métier, et si ces dernières années, je ne m’étais pas fourvoyé. Après cette minute ironique, bien sûr que non. Et cette proposition de prestation n’est que la face immergée de l’iceberg, et je vous engage à lire les autres. Vous ne serez pas déçu… A priori…

Plus sérieusement, même si je conçois que ce site ne s’adresse pas à des PME ou des Grandes entreprises, il n’en reste pas moins qu’il pose des problèmes aux professionnels, et à leur conception du métier. Il suffit de voir les nombreux débats sur le Community Management, terme auquel je préfère au passage celui de marketing social, en 2010, et encore en 2011, pour s’apercevoir des effets pervers que ce genre de site pourrait avoir dans un futur proche. En effet, il est déjà tellement compliqué de faire comprendre de manière pédagogique à ses clients l’intérêt d’une stratégie sociale. Alors, si jamais ces derniers venaient à découvrir un tel site, je ne vous explique même pas les dégâts. J’exagère peut être un peu, et je vous accorde qu’il faut souvent nuancer son propos. Mais pourtant, entre les agences qui font des offres budgétaires – comment dire diplomatiquement – pharaoniques et ces offres au ras du plancher, comment avoir une politique budgétaire claire et légitime de la part des agences et des conseillers qui font du marketing social par conviction et pas par effet de mode ?

D’ailleurs, pour faire un parallèle avec un autre secteur de la communication, le monde du graphisme a rencontré et rencontre encore ce problème. Longtemps, beaucoup de freelance ont pratiqué une approche budgétaire très basse qui a causé des dégâts au marché général pour des raisons diverses et variées : besoin de clients, besoin de boulots, etc… Aujourd’hui, les choses sont plus ou moins rentrées dans l’ordre… quoi que :

On retrouve encore ce genre d’annonce sur Microjob.biz, mais aussi sur d’autres sites internet.

A terme, le danger est qu’un prix associé a un travail ne voudra plus rien dire si les deltas sont trop importants entre l’ensemble des intervenants du marché. Et à plus long terme, cela risque aussi de décrédibiliser l’ensemble des professionnels qui se heurteront à des personnes proposant monts et merveilles pour un prix ridicule sans pour autant maîtriser tous les aspects stratégiques et techniques.

Enfin, même si c’est l’impression que j’en donne, je ne voudrais pas que tirer à boulets rouges sur Microjob.biz, car je trouve néanmoins l’initiative intéressante. Je souhaiterais être aussi force de proposition, en leur préconisant de mettre en place des avertissements pour chaque annonce postée. L’idée est d’identifier le degré de professionnalisme des « prestataires » qui font leurs offres sur le site, mais aussi de modérer les offres tarifaires de ces prestataires. Clairement, voir proposer un membre « vendre » ses fans pour 5 euros, est à la fois un non sens en marketing social et ne correspond pas non plus aux réalités du marché professionnel.

Enfin, je n’essaye pas de défendre tant bien que mal le pré carré des agences ou des conseillers, mais que l’ensemble des acteurs du fabuleux monde de la communication 2.0 vivent juste en bonne intelligence (c’est d’ailleurs mon utopie pour 2011). Pour reprendre l’exemple du Community Management, nous ne pouvons pas tous être des community managers – le titre de mon article était d’ailleurs trompeur -. Créer un groupe ou une fan page Facebook, ce n’est pas suffisant. Dans une métier qui souffre encore d’un problème d’image et de positionnement, nous n’avons clairement pas besoin de magiciens, ou de faiseurs de miracles…. juste de vrais professionnels.

Bien sûr, vous avez le droit de ne pas partager mon opinion. D’ailleurs, c’est à vous.

A propos de l'auteur

Olivier Murat

Olivier Murat  (34 articles)

Consultant et professeur en communication 360, avec un goût prononcé pour le marketing social, l'influence des réseaux sociaux dans les stratégies de communication et la disruption, j'essaye de faire partager ma passion auprès de mes élèves, mais aussi auprès de mes clients. Curieux, ouvert, dynamique, et réactif autant de valeurs qui composent ma personnalité, et que je mets au service de mes rencontres personnelles et professionnelles. J'espère vous faire partager mes centres d'intérêt et débattre avec vous.

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