Listes Twitter, bon plan ou arnaque ?

Twitter regorge en natif d’outils plus ou moins bien connus des utilisateurs occasionnels. Parmi toutes ces fonctionnalités pourtant indispensables, les listes souffrent d’un manque de reconnaissance criant. Pourtant ces listes sont très efficaces pour optimiser encore un peu plus sa veille sur un sujet précis. Ou pour ajouter une dose de spam en “Growth Hacking”.

Alors ces listes Twitter ont-elles encore de l’avenir ? Ou sont-elles vouées à la vindicte populaire à cause de leur utilisation excessive ?

A l’origine était la liste

La fonctionnalité est très intéressante à la base. Pour configurer une veille précise sur un sujet sans suivre forcément tous les comptes par exemple. Avec une liste de comptes triés sur le volet pour une thématique précise vous pouvez en effet faire remonter assez facilement du contenu pertinent.

Pour cela rien de plus simple. Sur un profil donné vous sélectionnez simplement “Ajouter à une liste”, vous choisissez (ou créez) la liste en question et le tour est joué. Au fil du temps vous pouvez en quelques clics alimenter cette liste thématique de nouveaux comptes à suivre.

Si vous utilisez Tweetdeck (et vous avez plutôt intérêt pour configurer une veille Twitter aux petits oignons, vraiment) vous pouvez ensuite ajouter une colonne “Liste” qui reprend tous les tweets des comptes qui font partie de la liste en question. Quand vous voulez repérer des sujets chauds en avant-première ou ne rien rater des conversations d’une communauté thématique en particulier c’est très efficace ! Et aussi un bon moyen de repérer des influenceurs.

Si vous n’avez pas le temps de constituer les listes par vous même ça tombe bien, de plus en plus de “grands” comptes s’en chargent pour vous.

L’exemple sportif : incomparable

Je parlais au début de l’année des différentes façon de suivre le sport sur Twitter. Vivre l’événement de l’intérieur est un des atouts majeurs du réseau de micro-blogging. Pour cela vous pouvez suivre une multitude de comptes liés à l’événement, à la main, un à un. Ou vous pouvez suivre l’activité d’une liste Twitter dédiée. Exemple avec le compte officiel du Tour de France qui a fait le boulot pour les coureurs, une liste à suivre pendant et surtout après les étapes !

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Les médias l’ont bien compris et utilisent les listes aussi bien pour suivre les grands événements que pour les partager avec leurs publics. L’exemple d’Itele est particulièrement intéressant, la chaîne d’info en continu propose en effet des listes de comptes sur les actualités chaudes de l’instant. On imagine que les journalistes qui sourcent des contenus images ou vidéos pour le site et la TV se servent de ces listes triées pour gagner du temps. Elles sont également disponibles pour tous les utilisateurs Twitter qui le souhaitent. Malin et très pratique.

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Une API, des possibilités, et des dérives

L’API Twitter est aussi géniale que potentiellement utilisable à des fins peu recommandables. Géniale parce qu’on peut faire un peu ce qu’on veut avec la data en provenance de Twitter. Dans des limites et restrictions de volumes, principalement. Toujours est-il qu’un développeur autodidacte peut facilement concevoir des scripts simples pour stocker tout un tas de données sur un sujet, un hashtag, une sélection de comptes… Bref en manipulant la donnée un peu comme il le souhaite. De nombreux services en ligne ont donc fleuri depuis plusieurs années en exploitant ce potentiel énorme.

De ces outils est même née une tendance marketing très appréciée des start-ups et des gourous en tous genres, permettant de “faire beaucoup avec peu de moyens”. Comprenez Growth Hacking, ou Automation Marketing.

Cette idée selon laquelle un robot qui prend le contrôle d’un compte Twitter peut agir comme un humain mais 100 fois plus vite et sans l’intervention humaine.

Cette idée selon laquelle les utilisateurs “normaux” de Twitter vont se faire berner sempiternellement par des robots qui leur font croire qu’ils ont une influence ou une certaine aura dans un secteur donné. Bon, entre nous, cela peut fonctionner. Surtout dans des thématiques et avec des individus où le quantitatif fait la loi et où en avoir une plus grosse (de communauté) que le copain prime sur la qualité des échanges et des contenus.

La liste, outil favoris des bots

Pour être exact il y a en fait 2 fonctionnalités favorites des bots et autres adeptes de ce genre de pratiques que Nicolas Vanderbiest qualifie à juste titre d’égout de l’influence. Le favoris tourne aussi beaucoup dans ce milieu. En effet, avec une bonne utilisation de la recherche Twitter et de ses différents opérateurs on peut cibler des tweets assez précisément. Par sujet en ciblant des hashtags et pourquoi pas des mots, en ajoutant une touche de localisation en ne choisissant que les tweets dans une langue donnée etc…

Et quoi de plus gratifiant pour un utilisateur que d’être mis en favoris ou ajouté à une liste de comptes “référence” sur leur sujet professionnel ?

Le but de ces robots ? Susciter de l’intérêt et espérer que vous ayez envie de les suivre en retour de leur vrai/faux engagement en votre faveur. Vu le nombre grandissant de pratiquants de la chose nul doute que cela doit fonctionner… Une preuve supplémentaire qu’il faut bien faire attention avant d’analyser des comptes en vue de campagnes d’influence par exemple.

Si vous partagez du contenu comme moi sur le thème des réseaux sociaux, de l’innovation et des start-ups vous savez forcément de quoi je parle. Les bots sont en effet très nombreux sur le sujet, ces fameux growth hackers inventeurs d’un nouveau marketing automatisé. Et parfois ça frise même le ridicule. Un petit tweet avec le hashtag #FrenchTech et vous êtes certain d’être ajouté à 4 ou 5 listes. Et ce sont toujours les mêmes comptes qui reviennent…

Pour vous montrer à quoi ca ressemble voici l’exemple d’un certain @Lezebr_Com qui fonctionne en automatisé depuis un moment et qui a du ajouter sur ses listes à peu près tous les comptes Twitter que je gère depuis 1 mois ou 2. Attention, je n’ai rien contre cette agence et je ne lui jette pas la pierre, c’est simplement l’exemple le plus parlant que j’avais sous la main en rédigeant cet article, des centaines d’autres fonctionnent de la même façon.

Exemple parlant parce que la recherche permettant d’ajouter à la liste est transparente, sur chacun des sujets : “un terme + écrit en français”

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Vous pensez sincèrement que quelqu’un s’amuse à trier plus de 3000 comptes sur une même thématique à la main ? Pour ensuite utiliser cette liste afin de mettre en avant les contenus “qui comptent” ? 3000 personnes dans une liste ce n’est plus du tri, autant squatter le résultat de recherche sur #CM plutôt que suivre les 3000 personnes qui ont tweeté (peut être une seule fois) sur le sujet.

Un marketing de la pseudo-influence qui tourne 24/7

Pas de vacances pour les robots de ces égouts de l’influence, Twitter et son API sont toujours ouverts ! Je parlais tout à l’heure de scripts à développer à la main, mais évidemment 99% de ces robots sont créés par quelques solutions en ligne gratuites et bien connues (IFTTT en tête).

C’est même devenu un business pour des consultants qui vous apprennent à automatiser correctement votre compte Twitter pour gagner X milliers de followers en 3 semaines. Et ces escrocs du web social (RIP pour la partie “social” de cette dénomination) continuent leur petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était. Protégés par leur statut d’influenceur durement gagné au prix de multiples listes, favoris et autres techniques purement artificielles.

Alors, ces listes, bonne idée ou arnaque ? Comme tous les outils en ligne tout dépend de l’utilisation qui en est faite.

A la main pour suivre un sujet précis la liste est une façon très efficace d’organiser sa veille. On l’a vu sur l’exemple du Tour de France, mais c’est aussi le cas pour certains comptes de médias qui font de la veille avec des listes publiques, très simples à récupérer et à suivre.

En automatique comme levier de visibilité et de flatterie c’est un peu plus contestable. Mais la technique le permet, alors pourquoi s’en priver ?

A propos de l'auteur

Thomas Gouritin

Thomas Gouritin  (18 articles)

Rédacteur web de formation je suis passionné par les médias sociaux et leurs évolutions. Community manager en agence pour des clients grands comptes j'essaierai de partager au mieux mon expérience et mon point de vue sur un monde digital en perpétuelle évolution. Vous souhaitez échanger sur ces sujets ? N'hésitez pas à me contacter !

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