Le Sarko 2.0, un animal politique très social media

Nicolas Sarkozy, candidat affirmé pour la prochaine élection présidentielle de 2017 (bien qu’il doive passer les élections UMP auparavant), se distingue par une prise en compte grandissante du social media au sein de sa stratégie politique. Zoom sur une stratégie aux allures de celle de la rockstar Barack Obama.

Obama Rockstar

Je ne comprends plus rien ! Tu sais, on me disait « le social media c’est mort », « ça rapporte pas une thune ». Bref, j’en rajoute un peu mais peut-on se le dire une bonne fois pour toute : le social media s’intègre dans la stratégie marketing de l’entité concernée, à l’instar de toute autre action marketing !

Preuve en est, les récentes activités extra-politiques de M. Nicolas Sarkozy, désormais nouveau Président de l’UMP (élu en décembre dernier) et missile lancé tout droit sur l’objectif présidentiel 2017 ! Ces activités, pas très jolies jolies à ce qu’on m’a dit, s’apparentes à un trafic conversationnel sur les réseaux sociaux. Mais serait-ce un cyborg venu d’un autre temps qui nous serait revenu pour potentiellement diriger la France ?

T’es sur Twitter ? Ça veut dire que tu tweetes alors t’es cool !

Le social media a envahi la toile et … blablabla, je ne vais pas vous faire toute l’histoire déjà racontée de multiples fois et bien mieux que je ne saurais le faire d’ailleurs.

Toutefois, il est vrai que, comme la plupart des personnages publics aujourd’hui, les politiques se sont emparés des réseaux sociaux pour partager leurs idées, leurs phrases chocs, et beaucoup de leurs conneries il faut bien le dire. On ne compte d’ailleurs plus le nombre de dérapages de ces, normalement, professionnels de la communication.

Un exemple de ces dérapages est celui de Christine Boutin qui, le 14 mai 2013, se permettait un tweet plus que déplacé au sujet d’Angelina Jolie et de sa double mastectomie, pour laquelle elle n’avait apparemment pas lu l’article en question. Je ne vous parle pas de l’indignation de bon nombre de socionautes contre ce tweet.

Dérapage de Christine Boutin dans un tweet politique

Cet exemple est là en guise d’ambassadeur pour l’ensemble des dérapages qu’engendre la plateforme Twitter, à l’instar des Facebook et consorts (on ne va pas détailler tous les dérapages ça en deviendrait grisant, et surtout très chiant !).

Toujours est-il que cela met en lumière le travail des social media manager, community manager, et j’en passe, qui permettent à certaines personnalités d’exister correctement sur la toile.

Pour Nicolas Sarkozy, la réflexion et mise en place stratégique va à contre courant de cet amateurisme sur le web social : il a compris qu’être sur les réseaux sociaux c’est fun, mais leur accorder une réelle importance stratégique c’est un peu plus efficace !

Nico, pas las de nouvelles expériences

Le nouveau Nicolas Sarkozy est en marche et sa stratégie social media se doit d’être à la hauteur de ses ambitions présidentielles. C’est pourquoi on retrouve une mise en lumière de ses réseaux sociaux beaucoup plus importante que ses « collègues de profession », comme dirait ce cher Rolland Courbis.

Une ligne éditoriale différente de ses concurrents, et inspirée d’un certain Barack Obama

Ce qui est intéressant avec la stratégie social media de Nicolas Sarkozy, c’est cette volonté de créer une ligne éditoriale unique et différente de ses concurrents. Finalement, il donne une raison de le suivre régulièrement de part un contenu à valeur ajoutée et uniquement existant sur ses comptes sociaux.

Alors, bien entendu, lorsque l’on parle de ligne éditoriale unique, ben on ment un petit peu. En fait il y a bien une personne qui semble servir de véritable modèle à cette stratégie : the rockstar Barack Obama !

A regarder de plus près le contenu proposé par le président de l’UMP et celui des Etats-Unis, on observe des similitudes établies :

  • La valorisation des photos prises « au fil de la journée » par un photographe dédié. A noter que cette pratique permet à Barack Obama de créer un véritable engouement autour de ses profils sociaux et lui offre un contenu particulier et à forte valeur ajoutée. Nicolas Sarkozy commence à s’inspirer de cette intégration de la photo dans Facebook, car c’est simple, cohérent et cela permet de contrôler complètement son image.
  •  Le « post-citation » qui fait son grand effet. Ce post-citation reprend la (ou les) phrase(s) phare(s) du discours en question, totalement intégrée(s) dans le « moule-image » de la personnalité. Barack Obama en est adepte depuis son élection en 2012, tandis que Nicolas Sarkozy s’y met progressivement depuis peu (comme nous l’abordons plus bas).
  • La mise en place de hashtags pour les événements liés à Nicolas Sarkozy comme le #NS20H lorsque celui-ci a été invité au journal de 20h le mercredi 21 janvier.

Tout est donc pensé visuel et marquant pour l’internaute. Les réseaux sociaux sont de plus en plus médias (images, photos, vidéos) et cette tendance est complètement intégrée par les politiques 2.0 efficaces.

A noter également, poussant toujours plus dans la ressemblance avec la stratégie américaine, que Nicolas Sarkozy signe ses propres posts par « NS » pour les différencier de ceux de son équipe de campagne.

Par ailleurs et pour finir, il est intéressant d’observer que Nicolas Sarkozy n’est pas encore allé au plus loin dans sa stratégie digitale avec un manque important : l’absence d’une plateforme centrale, totalement brandée à son image, et sur laquelle il pourrait s’exprimer à travers davantage de contenus rédigés. On retrouve notamment cette stratégie chez Jean-Luc Mélenchon, dont les billets sont très lus, ou encore chez Alain Juppé. A une échelle plus internationale, Barack Obama possède lui aussi sa plateforme de soutien barackobama.com.

Allez, combien on parie que nicolassarkozy.com verra bientôt le jour ?

Quelques actions remarquées

Pour mieux cerner le développement de cette stratégie, qui n’en est surement qu’à ses débuts, observons 3 éléments Facebookiens marquants depuis le retour du désormais président de l’UMP.

– Un retour annoncé sur Facebook : point de départ de la stratégie

En un post et en une décision, celle d’annoncer son retour sur Facebook avec un « Je suis candidat à la présidence de ma famille politique. », Nicolas Sarkozy place la première brique d’une stratégie social media qui va désormais accompagner sa vie politique, comme personnelle.

Le retour de Nicolas Sarkozy en politique à travers un post sur Facebook

 – Une rencontre avec… ses fans Facebook

Le 13 décembre 2014, une rencontre un peu particulière a eu lieu au siège de l’UMP : le millionième fan Facebook du président du parti a eu l’opportunité de visiter les locaux du siège, et de pouvoir échanger avec ce dernier. Toute cette opération a été montée et capturée en vidéo pour l’intégrer directement dans la nouvelle fonctionnalité vidéo offerte par Facebook.

Nicolas Sarkozy rencontre son millionième fan Facebook

Cette volonté de lier le virtuel des réseaux sociaux au « réel » d’une rencontre physique, démontre toute la recherche d’une mise en valeur de la communauté de socionautes fans du personnage public, tout en intégrant la transformation de ceux-ci en potentiels électeurs engagés et ambassadeurs de la « marque Sarkozy ». Car toute la complexité des réseaux sociaux est là : avoir des communautés importantes c’est bien, réussir à faire sentir à ces communautés qu’elles sont avant tout des électeurs décisifs c’est mieux !

– Le déploiement de posts griffés « Sarkozy »

Cela peut paraître anodin, mais cette personnalisation de sa présence à travers le visuel fait partie d’une réflexion autour de l’engagement et de la différenciation vis à vis de ses concurrents. Ainsi depuis peu (le 17 Janvier environ), nous retrouvons des posts « brandés Nicolas Sarkozy » et construits autour de citations comme Barack Obama (ce que nous évoquions plus haut).

Un post de Nicolas Sarkozy su Facebook

Un post Facebook "citation" de Barack Obama

Un vrai démarquage par rapport à son concurrent direct

Sans entrer dans des considérations politiques, clairement pas le sujet ici, les objectifs de Nicolas Sarkozy sont de prendre la place du calife en place, Monsieur François Hollande, président de la République française depuis 2012. Mais alors qu’en est-il de la présence social media de ce président en poste ? Elle doit certainement être semblable à celle de son concurrent non ?

Que nenni !! François Hollande n’a pas la moindre once de réflexion social media dans sa stratégie brand content politique. Je vous propose d’observer de ce pas sa page Facebook, composée essentiellement de réactions sur une actualité qu’elle soit malheureuse avec les événements tragiques des attentats de Paris, plus joyeuse avec les événements du calendrier, ou encore plus diverse comme le sport ou le prix Nobel.

La page Facebook de François Hollande

Contrairement à Nicolas Sarkozy, on ne voit que peu de post associés à des photos, images, vidéos. Encore plus marqué, nous observons peu de personnalisation et une valeur exclusive des informations partagées quasi-inexistante. Il y a pourtant de quoi faire quand on est Président ! Pas vrai Barack ?

Outre ce peu d’intérêt, la page nous renseigne également sur la compréhension des médias sociaux par beaucoup de personnes, dont les politiques : les réseaux sociaux ne sont là que pour servir une cause définie dans le temps. Comme une campagne de publicité diffusée à la télévision durant 1 mois et demi, la page Facebook de François Hollande n’a jamais été aussi active que durant … la période de la course aux élections présidentielles ! Cette vision court-termiste et aucunement intégrée dans une stratégie globalement cohérente, rend bien moins efficace toute action sur les réseaux sociaux.

Quelles conclusions en tirer ?

La valeur accordée aux réseaux sociaux par les politiques n’a de cesse d’augmenter. Cette tendance reflète une logique évidente, inhérente à cet outil permettant de communiquer, rester en contact et développer une forme de proximité pour le politique avec ses »électeurs », substance recherchée depuis toujours par ce dernier.

Certains ont pris conscience de l’impact du social media sur leur métier et leur image, tandis que d’autres n’en sont qu’aux prémices d’une découverte technologique appelée « digital ». Cette vision du digital chez les politiques est en parfaite copie avec le monde des entreprises aujourd’hui, un monde extrêmement hétérogène où l’intégration de nouveaux process, outils et méthodes est souvent vécu comme un saut vertigineux à effectuer.

L’impact du social media sur une élection politique reste toutefois à pondérer par les avis divers et contraires qui existent, ainsi que par la faiblesse des liens quantitatifs aujourd’hui démontrés. Néanmoins, il est intéressant d’observer, lors de l’élection des présidentielles 2012 aux Etats-Unis, la considération importante faite du digital dans la campagne de Barack Obama avec une équipe de plus de 750 personnes consacrées à la campagne d’Obama et un budget estimé à 35 millions de dollars.

Il est, dans tous les cas certain que la campagne présidentielle française de 2017 verra sa nature fortement digitalisée, avec une place centrale pour l’ensemble des plateformes social media.

>> Et toi, t’en penses quoi ?

A propos de l'auteur

Kevin Dangu

Kevin Dangu

Avant tout je suis un passionné de marketing, social media et bouche à oreille (processus viraux). Je me plais également à partager, échanger et donc à écrire pour offrir ce qui est dans mes limites, mais surtout renforcer mes domaines d'expertises potentiels. Outre ces aspects centrés marketing, je suis passionné par le sport, le cinéma, la musique et la psychologie. Mais on s'en fou un peu de moi au final non ?

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