La dictature de l’inspiration sur Internet : comment lâcher prise ?

La nouvelle année pointe le bout de son nez. Le moment de refaire le plein de bonnes idées et de résolutions… l’occasion pour les blogueurs de checker leur liste de billets à venir, et de refaire le plein d’idées d’articles. Mais les marketeurs sont-ils les lumières les plus brillantes et inspirées ?

Lors de la rédaction d’un précédent article sur l’égo, j’avais réalisé que pour être inspiré, il faut savoir être à l’écoute de soi. On dit toujours que pour réussir sur le web, il faut savoir écouter. Mais dans ces cas de figure, on parle d’empathie envers sa communauté, son réseau, autrui. Pourtant, comme le dit l’adage : «Connais-toi toi-même…»

Pour proposer du contenu pertinent, séduisant et qui fait mouche, tous les travailleurs du net sont d’accord pour dire que la matière première est de couleur grise. Mais à force de trop réfléchir, l’inspiration reste bridée et se recroqueville, ce qui génère de la frustration et une page blanche effrayante.

Je ne vous invite pas à vous allonger sur une banquette, mais à lâcher ce que vous êtes en train de faire à côté pendant la lecture de ce billet.

 

L’inspiration est-elle limitée ?

Laisser tomber ? Nan ! Prendre du recul ? Oui !

Étymologiquement, l’inspiration désigne « une impulsion interne suggérant ou générant la création d’une idée » il va sans dire, cette notion est plus que valorisée, car elle est souvent associée à l’innovation, aux idées originales et à une productivité optimale.

Toutefois, l’inspiration a ses travers. Ne vous est-il jamais arrivé de bloquer sur une phrase pendant 30min sans comprendre ce qui cloche ? Pourtant le lendemain matin, à tête reposée tout vous paraît limpide et le problème vous saute directement aux yeux, comme une évidence. En réalité, il faut parfois faire des pauses dans nos tâches pour être plus performant et trouver l’inspiration. Renoncer brièvement pour revenir plus fort.

Être à l’écoute de notre esprit, c’est comme tout, ça se travaille. Les moments de concentration ou de stress nous mettent parfois des œillères. Prenez l’exemple des mots que l’on a sur le bout de la langue, plus on se concentre et plus cela crée des “trous noirs”. La focalisation de notre esprit sur une tâche précise l’empêche d’avoir une vision éclairée. Souvenez-vous de vos professeurs qui vous terrorisaient et vous faisaient perdre vos moyens lorsqu’ils vous interrogeaient par surprise devant toute la classe. Seul, vous répondiez sans problème, mais le stress provoqué par la surprise et les regards insistants bloque votre inspiration et se traduit par un simple mot : “heu…”. Car quand on veut trouver l’idée du siècle, c’est souvent la page blanche. Quand on me demande de faire travailler mes méninges, ça me bloque, comme une présence indésirable au moment de se vider la vessie.

L’inspiration est souvent farouche et sauvage, elle ne se laisse pas dompter si facilement. On dit que les hommes ne peuvent pas faire deux choses en même temps, mais hormis la vaisselle, un acte physique peut être réalisé conjointement avec un acte mental (vraiment désolée mesdames, le mythe s’effondre). En ce sens, l’inspiration est un « muscle » qui demande des exercices pour se perfectionner. Une gymnastique des neurones qui nous donne un accès plus direct à notre imagination.

Certes des gens ont plus de facilité à trouver des idées, ils sont plus inspirés par nature. Mais cela ne signifie pas qu’ils sont plus intelligents, ils sont simplement plus à l’écoute de leur mental. Ils parviennent à entrer en “communion” avec leur esprit (amen !). Cela dépend évidemment des sujets traités. Plus ils sont proches de nos centres d’intérêt ou de nos domaines d’expertises et plus l’inspiration viendra. C’est normal car vous avez déjà de l’entraînement dans ce secteur, vous n’être plus “immaculé”.

Inspiré ou décalé ? Peu importe, le succès est au rendez-vous !

L’essentiel est de ne pas se borner à se forcer, car on se braque. Un peu comme si dans une galerie d’art, vous étiez devant un tableau de génie et que vous ne compreniez pas la signification des motifs. Le fait est qu’il n’y a parfois rien à comprendre, si ce n’est se laisser porter par sa propre vision des choses. Cette conception évoque l’intérêt de ne pas penser au travers le travail des autres, mais bien percevoir les possibilités sous le prisme de ses propres facultés. Ne cherchez donc pas toujours midi à 14h car vous aurez mis la moitié de la journée à brasser du vent.

 

Laisser parler votre subconscient pour réussir !

Être ou devenir créatif, ça fait rêver. Certains sont même payés pour ça. Pourtant, pas besoin d’aller sous sa couette pour trouver de bonnes idées. Si la nuit porte conseil, les moments de rêveries éveillés le font également. Comme ça, si votre patron vous surprend à flâner, vous avez l’excuse parfaite pour lui prouver que vous construisez une stratégie extraordinaire pour l’entreprise.

Se détacher de nos impératifs et de nos obligations permet de laisser parler son imaginaire et trouver des idées. Se libérer l’esprit provoque des instants où l’esprit est en veille et en alerte sur vos préoccupations inconscientes. C’est durant ces moments que votre mental est le plus prolifique, les meilleures idées germent. On dit souvent que l’amour nous tombe dessus quand on s’y attend le moins. Et bien c’est la même chose pour les bonnes idées.

Alors, comment être créatif et trouver des idées originales ? Pas besoin de se gaver d’articles types « 5 bonnes idées de sujets en cas de panne d’inspiration”. Même si les thèmes sont racoleurs, il y a déjà du monde qui exploite ce minerai d’or. Un filon qui peut conduire à l’émergence d’une pensée unique.

Si êtes vraiment passionné par un sujet, les idées feront surface d’elles-mêmes dans des moments impromptus. Des impulsions créatrices bienvenues. En outre, chaque personne à des moments dans la journée où sont esprit est le plus productif. Il faut donc être à l’écoute de son train de vie.

 

Un leitmotiv d’actions qui ne laisse plus de place à l’imagination

Ne rien faire, est-ce mission impossible ?

Il n’y a pas d’ennui sur Internet, la toile est un spectacle permanent où les minutes se transforment en heures, comme une partie de jeux vidéo entre amis (on m’annonce que je viens de perdre le lectorat féminin). Comme un bon film au cinéma alors ! Pendant ces voyages virtuels, on ne laisse plus de place à l’imagination. Notre attention est bloquée au gré de nos pérégrinations et on ne laisse pas notre potentiel s’exprimer. La détente est subjective, car nous ne sommes jamais dans un état de « rien faire » pendant lequel la pensée peut divaguer sans contrainte.

Hors web, c’est la même chose, nous discutons et conduisons en même temps, nous courons et chantons simultanément. Or, lorsque nous dépassons un poids lourd en pleine vitesse, nous n’écoutons plus ce que notre voisin nous dit, nous ne pipons mot car nous sommes concentrés. Idem lorsque notre compagnon de footing nous demande de manière impromptue de lui dire combien font 14 X 76. On arrête sa course pour réfléchir et on se focalise sur la tâche, car elle demande un effort mental. Dans ces cas précis, l’imagination et l’inspiration n’ont plus leur place, car l’effort cognitif est trop important. Il en est de même au travail, lorsque les urgences s’enchaînent…

À contrario, c’est bien en arpentant les quais virtuels que nos songes peuvent amarrer autour d’un sujet précis, et où l’imaginaire peut se mêler à la vie. Une balade à pied, loin de toute obligation (vitesse, horaires, etc.) par exemple, où nos pas mécaniques laissent la part belle aux évasions psychiques. C’est lors de ces moments où nous profitons que notre inconscient peut s’exprimer librement que les idées foisonnantes surgissent à la surface de la conscience. Un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer dans un contexte de relâchement, et qui nous donne un paquet de bonnes idées.

Une préquelle à conserver précieusement, comme l’esquisse d’un dessin. On a les premiers traits, on perçoit une silhouette, mais l’œuvre n’est pas terminée. Pour cela, gardez toujours près de vous un stylo, ou votre téléphone, pour noter une idée, une phrase, un thème. Pas besoin de s’appeler Eminem pour pondre des « punchlines » à la pelle. Dans ces phases euphoriques d’inspiration, laissez cet élan de bavardage interne porter ses fruits. Le but et de laisser une trace, un point d’amorçage. Plus tard, ce “checkpoint” vous permettra plus facilement de poursuivre cette dynamique créatrice lors d’un moment plus approprié. Ces moments privilégiés sont donc à embrasser, et non à laisser couler.

 

Ne pas répondre à l’appel des sirènes

Des internautes en mal d’idées, il y en a beaucoup. Des personnes qui utilisent des idées existantes pour en en créer de nouvelles, il n’y a que ça. Néanmoins, toute influence n’est pas forcément bonne à intégrer. Oui les articles qui recensent 50 idées pour trouver des thèmes d’articles, c’est bien pour faire sourire votre patron, mais ne misez pas dessus pour exister par vous-même. Parfois, il faut se boucher les oreilles et s’harnacher au mât de son navire pour ne pas sombrer dans la facilité en succombant à l’appel des RT. On salut Ulysse pour le conseil avisé au passage.

Allez-vous en ! Je ne veux pas de vos RT !

Le marketing viral et les enjeux communicationnels nous poussent à adopter les pratiques qui font mouche et à les faire siennes. Cette réappropriation peut être utile, mais seulement si elles subissent une couche de vernis de votre ADN. Donc tout n’est pas à jeter. Pensez seulement à faire abstraction des dires de vos pairs avant de donner votre avis afin que la valeur ajoutée de vos propos soit plus visible.

 

Conclusion

Ne cherchez plus l’inspiration : c’est elle qui viendra vous trouver. Pour avoir ce rencard, il faut éviter les speed datings où vous espérez seulement assouvir votre “trop-plein  ” de bonnes intentions, et laisser votre esprit vous guider.  

L’inspiration n’est pas ce qui a inspiré la chanson « ça s’en va et ça revient » de notre Cloclo national. Il s’agit plus d‘une ampoule qui ne s’allume que si vous êtes connecté à elle (ne vous inquiétez pas, il n’y a aucun risque d’électrocution).

Ce sont souvent les idées les plus simples qui sont les meilleures. Bien souvent, elle se cache même sous notre nez sans qu’on le sache. Pensez aux nombres de scientifiques ayant trouvé des idées et théories révolutionnaires dans des situations anodines, éloignées du travail. Théorie de la gravité avec la pomme de Newton, le Doc du film Retour vers le futur qui a inventé la machine à voyager dans le temps alors qu’il était sur le trône lorsqu’il a eu l’idée… vous voyez !

Après avoir lu cet article, pensez à prendre du temps pour vous, non pas pour penser à votre prochains article ou réunion, mais simplement pour permettre à votre subconscient de vous souffler des idées auxquelles vous n’aviez pas pensé. Si vous n’avez vraiment pas le temps, accordez-vous 1 minute durant laquelle vous fermez les yeux et écoutez les battements de votre cœur. Inspirez profondément et expirez tranquillement. Ne pensez- rien, écoutez votre corps. Vous repartirez de 0, votre esprit opère un mini « reset » salvateur (il y a une facturation de yoga à la fin du billet!).

La vraie histoire de l’inspiration de Newton

Être à l’écoute de son imagination est une qualité précieuse. Laissez-la s’exprimer quand elle vous chuchote des mots doux à l’oreille et tentez de ne pas la pervertir par l’influence d’écrits de tiers (c’est notamment pour cette raison que j’évite de lire des articles quand j’ai l’idée d’un sujet). Aucune idée n’est foncièrement mauvaise ou stupide, alors explorez des pistes et vous pourrez bien trouver des perles rares. Et si votre patron vous force à organiser une session de brainstorming, tentez de laisser la parole aux partenaires pour faire éclore de nouvelles réflexions. Pas à pas, ces idées vont mûrir et se transformer sous la surface pour ressurgir.

Vous l’aurez compris, pas besoin de devenir l’homme qui murmurait à l’oreille de son subconscient. Il suffit parfois d’apprendre à penser par soi-même. Les seules limites sont celles de votre imagination. Alors, pensez à faire régulièrement escale dans votre esprit, sans bagages, vous y trouverez sans doute l’inspiration. Bon voyage

Qu’en pensez-vous ?

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A propos de l'auteur

Ronan Boussicaud

Ronan Boussicaud  (18 articles)

Community manager / webmarketeur au sein de l'agence Useweb, je développe des analyses mêlant web 2.0 et psychologie sur mon blog « La Psyché du Web social » et participe à des ouvrages numériques collaboratifs. Je rédige aussi des articles sur des sites spécialisés (comme My Community Manager Webmarketing&Com) et anime régulièrement des conférences autour du community management et des médias sociaux. En octobre 2012, j'ai publié un ouvrage co-écrit intitulé "Tout savoir sur... La marque face aux bad buzz : anticiper et gérer les crises sur les médias sociaux" aux éditions Kawa. Grand curieux et cinéphile dans l'âme, le web social me colle à la peau. Passionné par le web communautaire mais aussi par toutes les formes de communication humaines, je crois profondément au relationnel et à l'échange. Alors, pourquoi ne pas vous joindre à nous ?

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