Facebook, l’arme fatale du Web

 


Dans un futur proche, il est fort probable que Facebook devienne le web à lui tout seul, une vraie machine à tuer le web, comme une super-puissance de l’internet qui aurait tout absorbé pour grandir et contrôler son environnement. On peut le comprendre, lorsque l’on est à la tête d’une des entreprises les plus en vue du moment et les plus prometteuses, on peut prendre la grosse tête et avoir des ambitions colossales, mais Mark Zuckerberg a l’art de le faire bien et d’avoir une vision à long-terme qui ferait de Facebook le web, tout simplement, disposant de tous les outils et fonctionnalités de celui-ci sur sa propre plate-forme. Les équipes de Palo Alto sortent de nouveaux produits chaque semaine, et par produit on entend une nouvelle fonctionnalité qui améliore l’expérience utilisateur, petit à petit. L’idée globale est d’imposer petit à petit ces changements, de grignoter du trafic, de faire de Facebook le réseau social le plus complet et le plus ouvert.

 

 

Les pages Facebook, nouveaux sites web ?

Qu’on se le dise, une page Facebook de marque, c’est un site web, mais en beaucoup mieux. Au fil des évolutions, les pages d’entreprises, d’organisations et de célébrités, deviennent de véritables vaisseaux de guerre pour l’entité représentée, tandis que le site web traditionnel ressemble à un petit radeau qui n’arrive plus à avancer ni à trouver de nouvelles ressources pour s’émanciper. Facebook a enfin trouvé la solution pour offrir à n’importe qui la possibilité de mettre en ligne un espace web doté de formidables fonctionnalités, avec toute la lourdeur et la complexité technologique en moins. Assez de blabla, place aux faits.  Les onglets d’une page font tout aussi bien que les différentes pages d’un site web, avec même un peu moins de travail pour un développeur. On accède à une panoplie presque infinie de combinaisons, et tout ça reste social. Peut-être verra-t-on les développeurs web disparaître dans les prochaines années au profit des développeurs Facebook, qui sait. Une page Facebook a tout d’un vrai site, tout le contenu peut y être mis en ligne, de façon propre et ordonnée, selon le modèle et l’architecture imposée par Facebook certes, mais ce n’est pas si mal au final, d’avoir une certaine homogénisation. On retrouvera évidemment les options de contact, avec maintenant une messagerie directe, et pourquoi pas bientôt un chat en direct pour assister les visiteurs, comme le font déjà certains sites, le community manager sera désormais un vrai animateur, branché en direct. Pure spéculation pour l’instant, mais ce ne serait qu’une évolution logique de la stratégie globale de Facebook. La photo de couverture représente quant à elle l’ADN de la marque, l’univers du produit, un endroit pour placer un slogan, une image de marque, un espace de liberté, qui remplace un peu l’arrière-plan d’un site web classique. Pas besoin d’y mettre votre logo puisque celui-ci se retrouve dans votre photo de profil, permettant d’identifier visuellement la marque d’un coup d’oeil. Autre chose, vous passiez du temps à décortiquer les statistiques de votre site web avec des outils d’analyse de trafic ? Bonne nouvelle, Facebook vous fait la même chose, vous pouvez en plus espionner vos concurrents en toute facilité. Pourquoi est-ce mieux que le web traditionnel ? Des données démographiques, les statistiques et analyses de trafic sont dynamiques, l’engagement est étroitement surveillé, et vous permet d’adapter vos campagnes au jour le jour.

 

 

L’Open Graph, la stratégie magique pour contrôler le web 

Toutes sortes d’applications tournent maintenant autour de Facebook, que ce soient des jeux, des autres réseaux sociaux, des journaux, des applications mobiles, et j’en passe. Comme des satellites gravitant autour de la planète Facebook, il y a tout à gagner à s’associer à Facebook, avec sa facilité d’utilisation et surtout le nombre d’utilisateurs, de près d’un milliard de personnes. Un milliard, oui. Évidemment, cela n’est pas passé inaperçu et a fait l’effet d’une bombe dans l’industrie du web, Facebook a fait des emplettes en ce début de mois d’avril et a racheté Instagram, l’application mobile de partage de photos qui explosait ces dernières semaines, pour 1 milliard de dollars. Peu importe les détracteurs de cette acquisition, disant que la firme a racheté une start-up qui n’a toujours aucun modèle économique, si Facebook l’a fait c’est que l’opération est rentable, et dans quelques mois on dira que le milliard était une modique somme. Mark Zuckerberg est probablement le PDG avec le plus de pression au monde, et il ne fait pas de choix au hasard, surtout avant son entrée en bourse. Facebook détient donc maintenant cette plate-forme de photos, qui va optimiser son produit “Photos” et surtout prendre de vitesse ses autres concurrents (Twitter et consorts) en s’agrandissant encore une fois. L’Open Graph, c’est la clé de voûte qui permet de lier tout l’univers de l’internet à Facebook, de tout centraliser et de proposer une homogénisation du web. Que ce soit Dailymotion (qui a gagné 22M d’inscrits grâce à l’Open Graph), les grands journaux en ligne, les jeux publicitaires, et autres sites, les développeurs se mettent à systématiquement rattacher leurs opérations digitales à Facebook, une sorte de passage obligé désormais pour s’assurer du succès d’une campagne.

 

 

Google et les moteurs de recherche, bientôt de l’histoire ancienne ?

C’est vrai qu’avec l’arrivée de la Timeline pour les pages et la nouvelle stratégie de monétisation de Facebook, on peut se poser des questions. Votre contenu ne s’affiche plus que dans le flux de 16% de vos fans (chiffre qui est une moyenne, cela dépend de chaque page). Pour résumer le processus un peu complexe, pour toucher vos fans et augmenter votre visibilité, rien de plus simple, et rien de plus bénéfique pour Facebook également, il faut payer. Faites des Facebook Ads, des Sponsored Stories, du moment que vous avez les moyens de vous offrir des campagnes Facebook, votre contenu et votre page sera plus visible. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose, ça ? Les résultats Google, quand on sait qu’il faut faire du référencement payant pour remonter dans les moteurs de recherche, au final, ça revient au même dans l’idée, non ? Plus on paye, plus on est visibles. Mauvaise nouvelle pour les petites entreprises et autres artistes qui adoraient Facebook pour son côté tout-gratuit.

Autre élément, la recherche pure. Facebook est allé chercher Lars Rasmussen, un ancien ingénieur de la maison Google, pour mettre sur pied une équipe de 30 personnes dédiée à l’outil de recherche Facebook. La stratégie serait de rendre cet outil beaucoup plus performant, plus personnalisé, s’émanciper du partenariat avec Bing, et revenir à l’idée initiale de faire de la recherche, donc selon des mots clés et les préférences d’un certain profil, la recherche l’orientera vers telle ou telle page Facebook, telle ou telle application, et pourquoi pas faire encore une fois payer les annonceurs pour remonter dans ces résultats de recherche. Affaire à suivre, et surtout une menace à long-terme pour Google.

 

 

Mark Zuckerberg veut tuer les intranets étudiants

Depuis cette semaine, Facebook s’attaque au monde scolaire et universitaire en réinventant comment les étudiants interagissent entre eux, comment on peut partager des fichiers et des dossiers en ligne, parler avec ses camarades de classe et travailler efficacement. Auparavant, chaque école, chaque université développait son propre intranet, pour publier les cours aux étudiants, pour partager des informations, entre autres. Système lourd à développer, onéreux et difficile à gérer, qui a besoin de maintenance sans arrêt, et la plupart des intranets sont incomplets, avec une stabilité bancale. Facebook solutionne le problème et propose à tous les établissements de posséder leur propre espace, qui est géré obligatoirement par un responsable officiel, un administrateur (on peut bien parler de community manager ici) qui gère les différents groupes. Le dispositif est pour l’instant uniquement accessible pour une centaine d’universités américaines, et s’agrandit de jour en jour. Pour en avoir demandé personnellement l’avis à des amis américains étudiant dans le New-Jersey, le système est performant, rapide et facile d’utilisation, tout ce dont on peut attendre d’un intranet étudiant.

 

 

Un passeport virtuel pour tout le monde

Enfin, Facebook permet désormais d’avoir une réelle identité sur le web. Le web est social, il n’est plus anonyme. La plupart des sites et plate-formes web proposent la fonction pour se connecter grâce à son compte Facebook, de Pinterest à Instagram, en passant par des millions d’autres. Facebook Connect est la référence, bientôt les développeurs n’auront même plus à réaliser des espaces perso pour un site, mais juste ajouter le bouton Facebook. Vous espériez vous cacher sur le web comme d’habitude ? Un peu trop tard, au lieu d’être un simple numéro, une simple adresse IP, chaque utilisateur a son nom, sa photo et ses informations personnelles qui le suivent sur le web, supposées vraies pour la plupart des comptes, lorsque l’on ne tient pas compte des faux profils.

C’est donc tout le web qui est repensé, recentré autour d’une nouvelle plate-forme, Facebook. Une multitude d’applications tournent autour de l’Open Graph, les plus grandes entreprises du monde ne pensent plus que par leur page et leurs fans et oublient leurs sites web, les petites entreprises se pressent de créer leur page Facebook en premier, sans même penser à créer un site web (c’est long, compliqué et cher, vous savez…). Tout le web ne sera pas forcément « sur » Facebook, mais « via » Facebook. Bienvenue dans le web 3.0 : celui du tout-puissant Facebook.

 

A propos de l'auteur

Alexandre Jouanne

Alexandre Jouanne  (14 articles)

Digital creative à Paris, précedemment à Sydney / 22 / Médias sociaux, publicité et technologie / Community manager de temps à autres / ex @Vanksen / Blogueur pour My Community Manager évidemment, et d'autres (Socialbakers, Rue89).

Création WordPress à Paris, Sion et Dakar - Social Media et Community Management à Marseille