Au secours commentez, likez, interagissez !

L’idée de cet article m’est venue car je participe actuellement à un concours organisé par Samsung dont l’objet est de raconter une anecdote mobile et obtenir le plus grand nombre de votes. Les articles les plus notés feront ensuite l’objet d’une sélection par un jury. Ayant aujourd’hui 546 contacts sur Facebook, à peu près autant sur Google + et près de 1145 followers sur Twitter ; j’ai évidemment demandé à l’ensemble de mon réseau de voter pour moi, quasi-persuadé d’acquérir « instantanément » une centaine de votes. Quelle désillusion ! A l’heure qu’il est je n’ai réussi à obtenir que 70 votes (#fail) malgré la récurrence de ma demande. Devant ce constat d’échec je me suis alors posé une simple question : pourquoi est-ce si dur de mobiliser une communauté ? Ma réflexion sera structurée en deux parties : une première concernant les pages Fans et la seconde concernant la mobilisation d’une communauté à titre personnel. Bonne lecture et n’hésitez pas à réagir dans les commentaires !

Pour les pages Facebook

Avertissement : tout ce qui suit ne fera référence qu’à un aspect quantitatif des interactions sociales.

Obtenir des interactions est toujours gratifiant car cela témoigne du fait que nous parvenons à satisfaire et intéresser notre communauté. De plus les interactions appellent les interactions. Plus un contenu est viral plus il le deviendra si je puis m’exprimer ainsi. Mais les interactions obtenues ne reflètent pas réellement la portée de votre publication. Certaines personnes pourront ainsi voir votre contenu, ne pas y prêter attention ou peut-être l’apprécier mais ne pas désirer interagir avec celui-ci pour de multiples raisons. Je m’étonne ainsi de n’obtenir presque aucune interaction à chaque publication de la page de mon blog. Voyons voir si je suis le seul…

Prenons l’exemple de la page de Bref (la mini série de canal +) qui a connu un succès phénoménal et qui propose un contenu typiquement « web » et viral (par son format, les sujets abordés et sa tonalité décalée). La page compte aujourd’hui 1 796 124 fans et 129 917 en parlent (statistique donnée par Facebook et qui comptabilise le nombre d’interactions des 7 derniers jours). Même si ces chiffres donnent à première vue le tournis, « seulement » 7,23% des fans de la page interagissent avec les différentes publications.

Isabelle Mathieu rappelle dans son article (Quel est le taux d’engagement moyen d’une page Facebook ?) que « le taux d’interaction varie en fonction du nombre de fans de la Page Facebook. Ainsi, on peut observer que plus une communauté est grande en terme de membres, moins le taux d’interaction est élevé« .

 

Mais au-delà de constat intéressons-nous quelques instants aux chiffres. Voici un tableau récapitulatif des interactions enregistrées sur les 10 derniers posts de la page (au 25 janvier à 11h) :

Deux constats peuvent être dressés :

  • Les publications « hors épisodes » obtiennent beaucoup moins d’interactions. Les gens vont liker ou suivre une entreprise/page/marque/cause pour un contenu éditorial déterminé qui est à l’origine de la création de la page et de l’existence même du  » like « .
  • Aucune corrélation logique n’existe entre le nombre de partages, le nombre de commentaires et le nombre de likes

Arrêtons-nous maintenant sur la publication 4 qui est celle qui obtient le plus de réactions. 73534 likes est un chiffre considérable et tout à fait honorable. Mais rapporté aux (quasiment) 1 800 000 fans ce n’est finalement pas grand chose (à peine 4,1%). Poussons le raisonnement plus loin (pardonnez moi par avance mais je ne suis pas mathématicien et ne peux donc inclure toutes les variables que je souhaiterais dans mon calcul ; il sera donc simple, pour ne pas dire basique). Imaginons que les personnes qui ont partagé cette publication aient, au minimum, 130 amis (je fais abstraction des probabilités d’avoir des amis en commun). La cible potentielle est de : 130 x 16 464 = 2 140 320. Si on confronte le nombre de likes obtenus à la cible potentielle cela ne fait que 3,43%. Je vous accorde que ce calcul reste très sommaire et qu’on ne peut se fier à de tels résultats pour émettre des estimations fiables d’interactions mais il donne une fourchette des possibilités virales (du moins sur Facebook) d’une publication. 

Prenons un exemple encore plus parlant. Rihanna a sur sa page plus de 50 millions de fans. Elle obtient sur ses 25 dernières publications une moyenne de 23678,34 likes pour être précis. Soit 0,047% de fans qui likent… On aura beau dire c’est un chiffre très faible. Je trouve l’exemple d’un artiste encore plus flagrant et évocateur car en règle générale les internautes aiment la page car ils apprécient l’artiste ainsi que son « œuvre ». C’est un like effectué « Intuitu personae » (en considération de la personne). On est donc à même de penser que chaque actualité de la star sera susceptible d’intéresser un grand nombre de personnes ce qui n’est visiblement pas le cas. 

L’éco système social est donc fait d’un ensemble de ramifications et de variables complexes qui n’obéissent parfois (souvent ?) à aucune logique. D’autant plus qu’il serait impossible, impensable, inutile et futile de vouloir mesurer certaines d’entres elles ; notamment par leur caractère (nature) aléatoire et non mesurable. Ainsi, pour savoir pourquoi vos fans ne voient pas vos publications il faudrait par exemple prendre en compte d’innombrables facteurs aussi divers et variés que : 

  • Le nombre de ses contacts et pages qu’il aime et qui publient simultanément à la votre
  • L’heure à laquelle vous publiez
  • Sa charge de travail et son emploi du temps de la journée
  • Le programme télé du jour
  • Ses loisirs et activités sportives 
  • La programmation culturelle de la ville
  • Les films en salles 
  • Son humeur

Mais essayons tout de même de trouver quelques explications.
Comme dans toute communauté plus il y a de monde plus il est difficile de donner de l’importance aux individualités. Il devient presque impossible de valoriser les membres de sa communauté. Autre conséquence : plus le nombre de fans est important plus il est difficile de répondre à leurs demandes. Le risque de spams et de commentaires insultants est également accru. Pour un membre de la communauté il est souvent impossible de lire tous les commentaires liés à une publication sous peine d’y passer la journée. Pourquoi alors laisser un commentaire qui va littéralement se noyer dans la masse ?

Au-delà de ça je pense qu’à l’origine les réseaux sociaux ont rencontré un succès fulgurant car ils permettaient d’inclure (ou plutôt de transposer) des formes de relations humaines sur le web. Cette proximité du départ s’est estompée avec l’augmentation exponentielle du nombre de membres et avec l’apparition des pages qui a changé la nature social du réseau qui n’était plus réservé aux particuliers mais ouvert à des actions marketing, commerciales et corporate. Les réseaux sociaux sont moins conviviaux qu’à leur début et il se dégage comme une certaine lassitude. Guillaume Sagnes l’évoque également dans son article (Le web2.0 en surchauffe : trop de partages tue le partage) ainsi que d’autres éléments pouvant expliquer la baisse des interactions : « Infobésité, multiplication des outils, lassitude, effet de mode, guerre d’influence, concurrence impitoyable, manque de résultats, monétisation à tout prix, edgerank…« . Peut-être sommes-nous plus enclins à interagir avec des publications « d’humains », plutôt qu’avec celles d’entreprises.

Et que dire du EdgeRank ? Ce fameux algorithme de Facebook qui va déterminer ce que va voir (ou non) votre profil en fonction de critères telles que les interactions passées, la « jeunesse » de votre publication, les connexions entre vos amis et la page pour faire simple ! (merci Mathieu Sitaud ^^). 

Il faut également avoir en tête que la plus grande partie des interactions sont faites dans l’heure qui suit la publication. Ce postulat témoigne du fait que la plupart des utilisateurs des réseaux sociaux ne « remontent pas le temps ». Ils interagissent avec les choses qui défilent devant leurs yeux.

Nombreux sont les internautes à liker des pages simplement pour suivre un contenu mais qui se fichent complètement de relayer le contenu proposés à leurs proches. Comme le dit Vincent Bézard dans son article (En moyenne 8% des fans sont actifs, pourquoi si peu ?) « Il [l’internaute] vient tout simplement prendre ce qu’il cherche et s’en va, sans un merci, ni un au revoir« . 

Trop de like tue le like ? Vous pouvez aimer les pages, aimer les publications des pages, aimer les commentaires sur les publications. Mais pour quelle visibilité ? Comme me le disait Jean-Sébastien Lefévère en évoquant la série bref « j’ai beau adorer la série, et avoir aimé la page fan dès le début, je n’ai aucune envie de liker tous les épisodes. En revanche, si je considère qu’un d’eux sort du lot, je like et éventuellement je partage si ça me rappelle une anecdote avec un de mes contacts« . Le like veut donc tout et rien dire. Il fait appel à des éléments subjectifs propres à chacun. On peut liker par ironie, par moquerie, pour dire  » lol « , car on aime pas (j’ai souvent vu le fameux commentaire  » j’aime mais en fait j’aime pas « )…

Et si le ticker diminuait les interactions ? Evidemment il s’agit d’un cas extrême qui concerne principalement les personnes régulièrement connectés. Le ticker vous donne une visibilité sur une grande partie de l’activité de vos amis. Ainsi quand celui-ci aime une page, commente une photo, devient ami avec une personne vous êtes en mesure de le voir si vous vous trouvez devant votre écran à ce moment là. Pour certains cela peut être considéré comme une forme de voyeurisme et influe peut-être sur leur volonté d’interagir.

Je ne connais pas tous les internautes de la terre mais je pensais que pour beaucoup cliquer sur « j’aime » était devenu un véritable réflexe. Une publication me plaît je clique sur j’aime pour marquer mon intérêt pour celle-ci. Visiblement pas. Mais en réalité et pour être tout à fait honnête avec vous j’ai beau chercher je ne trouve pas d’autres explications rationnelles et ne comprends pas pourquoi il y a « si peu » d’interactions (en corrélation du nombre de membres et des chiffres concernant le temps passé par les internautes sur Facebook).

A titre personnel

On peut rendre service 1000 fois à 1 personne euh non, on peut rendre service 1 fois à 1000 personnes.
Comme beaucoup de monde je pense, j’aime rendre des services quand je le peux. Mais imaginez si mes 500 amis Facebook me demandaient le même jour de voter pour un article qu’ils ont fait ou de répondre à une de leur question (je suis sur que vous avez déjà vu un message comme ça « Besoin d’aide pour un questionnaire sur un mémoire« ). Vous vous doutez bien que c’est ingérable. Si je commence à rendre un service à l’un pourquoi pas à l’autre ? C’est le principe du don et contre don appliqué au milieu du web : « Qui dit sollicitation dit temps investi par les membres… Il est donc assez logique que ceux-ci attendent un geste en retour« . C’est également là que prend tous son sens la distinction entre « contacts » et « amis ». Vous serez beaucoup plus à mêmes de rendre des services à vos véritables amis qu’à de « simples contacts » (aussi intéressants et sympathiques soient-ils).

Sur Twitter c’est différent. Les gens vous suivent pour le contenu que vous publiez, pour les articles que vous relayez. Pas pour vous rendre service. Vous êtes pour eux digne d’intérêt. Vous avez une certaine « crédibilité » et une « expertise » dans un domaine particulier. La majorité des gens ne vous suivent pas pour vos qualités intrinsèques ou votre personnalité mais majoritairement car ils estiment que vos publications sont susceptibles de les intéresser (que ce soit à titre personnel ou professionnel).

M’enfouuuuuuuu
Autre élément (mais pas des moindres) concerne l’intérêt que vos contacts porteront dans votre publication. Chacun d’entre eux à des goûts, centres d’intérêt et aspirations qui lui sont propres et vous ne pourrez jamais intéresser tout le monde. Les facilités dans la diffusion de l’information sur internet et plus particulièrement sur les réseaux sociaux nous imposent une sélection dans le contenu que nous relayons (ou dans les personnes que nous souhaitons atteindre en fonction du type de contenu que nous diffusons). Ainsi pas ou peu de place au futile mais place à l’agréable, à l’utile. 

Vu j’avais pas vu, qui a vu verra vu ?
Argument que j’aborderai précédemment : tous vos contacts ne sont pas connectés au même moment de la journée/de la semaine. En fonction de leur emploi du temps, de la composition de leur foyer, de leur fonction, de leur état de fatigue… ils ne seront pas nécessairement en train de naviguer sur un réseau social quand vous publierez quelque chose. Certaines pages n’hésitent ainsi pas à doubler leurs publications (avec un certains temps d’écart) pour tenter de toucher l’audience la plus large possible et augmenter la viralité de la publication.

La petite bête qui monte…
Plus il y a de monde sur les réseaux sociaux, plus on est susceptible de connaitre des personnes. Nous sommes donc plus enclins à agrandir nos cercles de contacts. Sur Facebook une personne a en moyenne 130 amis. Si chacun d’entre eux publiait un ou deux éléments dans la journée comment s’y retrouver ? Il est donc aisé de passer outre une information dans l’ensemble des publications des membres de son réseau. L’infobésité (j’englobe ici les sources d’informations mais également le nombre extrêmement élevé de membres sur ces réseaux sociaux) nous conditionne donc à n’interagir qu’avec certains types de contenus et avec certaines personnes.

La procrastination
Un mal qui ronge beaucoup d’entre nous (moi le premier). Le fameux : « Oh je le ferai plus tard« , parfois justifié, qui peut faire perdre un peu de visibilité et d’interactions à vos publications.

 

 

Le petit mot de la fin : si cet article vous a plu et que vous souhaitez m’accorder un vote c’est par ici que ça se passe (ça ne nécessite aucune identification et ne prend que 2 secondes) !

 

Sources et autres articles sur le sujet :
http://www.mycommunitymanager.fr/fan-facebook-le-bon-la-brute-et-le-truand/
http://www.mycommunitymanager.fr/le-web2-0-en-surchauffe-trop-de-partages-tue-le-partage/
http://www.mycommunitymanager.fr/en-moyenne-8-des-fans-sont-actifs-pourquoi-si-peu/
http://www.emarketinglicious.fr/marketing-reseaux-sociaux/quel-est-taux-engagement-moyen-page-facebook
http://www.socialbakers.com/blog/114-what-is-a-good-engagement-rate-on-a-facebook-page/
http://www.mycommunitymanager.fr/facebook-qui-sont-ceux-qui-vous-aiment/

A propos de l'auteur

Francois Combes

François Combes  (28 articles)

Je n'aime pas me décrire car je pense que toutes les personnes me voient d'une manière qui leur est propre. Etant obligé je vais tout de même vous dire quelques mots : je suis diplômé d'une école de commerce de Toulouse. J'ai travaillé 24 mois dans la communication et je suis passionné par tout ce qui touche de près ou de loin au web 2.0 (techniques, outils, stratégies...). N'hésitez pas à me contacter pour en savoir plus sur moi.

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